Entre Hot Fuzz (2007) et Le Dernier pub avant la fin du monde, Simon Pegg et Nick Frost ont fait quelques infidélités à leur réalisateur fétiche Edgar Wright en tournant à plusieurs reprises tous les deux sans lui. La première fois dans Paul (2011) de Greg Mottola où le duo se retrouve à cavaler avec un fugitif extraterrestre et la seconde dans Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne (2011) de Steven Spielberg où ils incarnent Dupond et Dupont.
Avant d'entamer la "Trilogie Cornetto", les trois comparses Edgar Wright, Simon Pegg et Nick Frost avaient déjà travaillé ensemble pour la télévision anglaise sur Channel 4 dans la série Les Allumés (1999) qui compte deux saisons de 7 épisodes chacune.
S'il a enchaîné la réalisation des deux premiers films de sa "Trilogie Cornetto", Edgar Wright a fait une "pause" entre Hot Fuzz (2007) et Le Dernier pub avant la fin du monde pour tourner Scott Pilgrim en 2010, l'adaptation des comics du même nom, avec Michael Cera dans le rôle du héros.
Comme pour Shaun of the Dead et Hot Fuzz, Edgar Wright a porté une attention toute particulière à la musique de son nouveau film. Le bande-originale du Dernier pub avant la fin du monde contient des tubes des Doors, Suede, Pulp, Stone Roses, The Sundays et Kylie Minogue. Le réalisateur a également fait appel au compositeur Steven Price avec qui il avait déjà travaillé pour Scott Pilgrim en 2010.
Pour conclure sa trilogie, Edgar Wright a tenu à réunir tous ceux qui avaient participé à ses deux premiers volets. Les acteurs ont tous répondu présent à l’appel du réalisateur. S'ils ne jouent pas les mêmes personnages, on retrouve dans Le Dernier pub avant la fin du monde : Simon Pegg, Nick Frost, Martin Freeman, Julia Deakin, Rafe Spall, Patricia Franklin, et les jumeaux Kevin et Nicholas Wilson.
L'enseigne du pub The King's Head - qui fait partie du "marathon de la boisson" du groupe d'amis dans Le Dernier pub avant la fin du monde - est en fait une peinture de l'acteur Simon Pegg déguisé pour l'occasion avec un costume d'époque et affublé d'une perruque imposante.
Si la "Trilogie Cornetto" regroupe un réalisateur et plusieurs comédiens, les trois films ne sont pas pour autant des suites. Les relations entre Pegg et Frost changent d'ailleurs du tout au tout selon les épisodes. Dans Shaun of the Dead (2004), ils se retrouvent colocataires et meilleurs amis du monde, dans Hot Fuzz (2007), ils deviennent coéquipiers - dans les forces de police - et n'ont absolument rien en commun et dans Le Dernier pub avant la fin du monde, ce sont de vieux amis perdus de vue mais dont les retrouvailles ne sont pas au goût du personnage de Frost...
Si le Cornetto est un élément récurrent de la "Trilogie Cornetto" d'Edgar Wright, le réalisateur s'amuse également à faire revenir les fameuses palissades dans chacun des trois films (Shaun of the Dead, Hot Fuzz et Le Dernier pub avant la fin du monde). Sans être un simple élément du décor, les palissades servent toujours à la narration et surtout à l'insertion d'un gag qui devient culte à coup sûr !
L'idée de départ du Dernier pub avant la fin du monde vient d'une expérience personnelle d'Edgar Wright qui, dans sa jeunesse, a fait la même tournée des pubs avec ses amis, non pas avec 12 mais avec 15 établissements. Il se souvient : "Je n’ai pas dépassé le sixième ou septième. Je n’en suis pas très fier."
Si Le Dernier pub avant la fin du monde est le dernier film de la "Trilogie Cornetto", il s'agit en fait de celui qui a été pensé avant Shaun of the Dead. Le réalisateur/scénariste Edgar Wright avait déjà écrit une première version de l'histoire intitulée "Crawl" (ce qui signifie "tournée" en anglais). Ce n'est que lors de la promotion de son film Hot Fuzz qu'il a eu l'idée de donner un autre souffle à son scénario.
Le Dernier pub avant la fin du monde reprend les mêmes thèmes abordés par ses prédécesseurs : "Les trois films partent d’idées toutes faites sur le Royaume-Uni, de stéréotypes, et en jouent, s’en amusent", explique Edgar Wright, en ajoutant à propos de ce dernier film : "On s’attaque à la nostalgie : regarder en arrière, et pire encore, vouloir revenir en arrière, sont-elles des aspirations positives ? On a tous rêvé de pouvoir changer certains événements du passé, de notre adolescence."
Edgar Wright avoue avoir puisé ses inspirations pour la partie science-fiction du Dernier pub avant la fin du monde chez trois auteurs en particulier. John Wyndham, écrivain de nombreux romans et nouvelles de SF entre 1931 et 1969, Nigel Kneale, auteur dont le personnage culte Bernard Quatermass est le héros de nombreux films dont Le Monstre (1995) et John Christopher, auteur de la trilogie de romans "Les Tripodes" dans les années 60.
Le personnage de Gary, incarné par Simon Pegg, correspond fortement à l'image du comédien lorsqu'il avait 18 ans, alors dans une période gothique. C'est pourtant la première fois dans Le Dernier pub avant la fin du monde que le comédien se teint les cheveux en noir : "Je ne m’étais jamais teint les cheveux en noir. Le film répond donc à une ambition de longue date. Et les costumes correspondent vraiment à ce que j’aurais pu porter à 18 ans", précise l'acteur.
L'alliance entre le film de retrouvailles entre amis dans les pubs et le film de science-fiction avec de l'action a naturellement conduit les scénaristes Edgar Wright et Simon Pegg à faire un lien entre la boisson alcoolisée et l'ambiance d'anticipation. Wright explique : "L’action est déterminée par le fait que ces types n’ont aucun pouvoir spécial (...) plus le héros boit, plus les prouesses qu’il réalise sont impressionnantes. Il existe une forme de courage qu’on dit puisé dans la bouteille et on voulait que nos protagonistes deviennent de plus en plus téméraires à mesure que l’histoire progresse."
Pour les scènes de bagarre dans les pubs, les comédiens se sont très peu fait doubler par les cascadeurs. Martin Freeman, l'interprète d'Oliver commente : "Je m’en suis sorti quand il s’agissait d’une bagarre précisément chorégraphiée. Quant à me faire balancer par-dessus une table... Doublure, please !" Nick Frost ajoute : "Une fois que j’ai compris que plus on tapait fort, plus l’équipe de Brad [Allan] s’amusait, je m’en suis donné à coeur joie. (...) Avec Simon [Pegg], on s’était mis dans l’idée d’impressionner les cascadeurs."
Rosamund Pike, nouvelle venue dans l'univers d'Edgar Wright, a fait des recherches poussées pour son rôle. Des recherches qui l'ont menée à rencontrer la personne qui a inspiré le réalisateur/scénariste pour l'écriture de son personnage, l'ex-petite amie de Wright. Il raconte : "Elle m’a demandé si elle pouvait la contacter, et comme on est toujours amis, elle est allée déjeuner avec elle. Apparemment, elles ont passé un super moment. Je ne sais pas de quoi elles ont parlé, et je ne suis pas sûr de vouloir le savoir", explique le réalisateur.
Pour faire en sorte que les jeunes comédiens qui incarnent les personnages principaux dans les années 90 soient crédibles, le réalisateur Edgar Wright a tenu à faire rencontrer les adolescents avec les acteurs plus âgés. C'est lors de séances de mimes et d'imitations que chaque personnage a pu se créer et se compléter pour avoir une concordance entre les deux époques.
Compte tenu de l'histoire, le tournage du Dernier pub avant la fin du monde s'est presque intégralement déroulé une fois la nuit tombée. C'est ainsi que l'équipe a enchaîné quatre semaines de tournage à filmer les prises uniquement une fois le soleil couché.
Parmi les lieux de tournage du Dernier bar avant la fin du monde, on peut compter sur les célèbres Elstree Studios qui ont accueilli le tournage de la première trilogie Star Wars (1977-1983). Une aubaine pour les scénaristes Edgar Wright et Simon Pegg, connus pour être de véritables geeks de la science-fiction. Pegg commente : "En tant que cinéphile, j’ai ressenti un immense privilège, et une grande émotion, à travailler dans ces studios."
A noter la présence de Pierce Brosnan dans le film. Ce n'est pas la première fois qu'Edgar Wright fait tourner un James Bond, puisqu'un certain Timothy Dalton était à l'affiche de Hot Fuzz. La belle Rosamund Pike possède également un lien avec le célèbre agent secret puisqu'elle était au casting de Meurs un autre jour.
Le Dernier pub avant la fin du monde marque la fin de la trilogie Cornetto. Comme pour ses prédécesseurs, il est possible de remarquer de nouveaux détails à chaque visionnage. Les scénaristes se sont amusés à lier les trois films via des thématiques et des éléments récurrents, et ce malgré des univers et des intrigues différents. Outre la présence du trio Wright/Pegg/Frost, on retrouve des acteurs communs - Martin Freeman, Julia Deakin, Rafe Spall et Patricia Franklin. Les clins d'œil peuvent être flagrants, c'est le cas des fameuses glaces que les deux héros consomment dans les trois films (et qui donnent son nom à la trilogie) ou encore du gag récurrent de la palissade. Ils peuvent également être plus subtils, à l'image du jeu d'arcade Ooh aah Dracula Fruit Machine, dont le bruit significatif peut s'entendre dans chacun des longs-métrages. Par ailleurs la saveur et la couleur des fameux Cornetto sont symboliques des thèmes de chaque film : rouge dans Shaun of the Dead, représentant le sang et les zombies ; bleue dans Hot Fuzz, représentant la police et verte dans Le Dernier pub ... représentant la science fiction et les extraterrestres.
Simon Pegg a expliqué, à l'occasion d'une interview chez Conan O'Brien, que le travail sur le jeu des comédiens à mesure que les personnages enchaînent les pintes s'était fait de façon très précise afin de rendre les situations plausibles et de ne pas tomber dans le grotesque. En répétition, le réalisateur et les acteurs ont développé 12 états progressifs d'ébriété, ce qui a facilité l'interprétation en fonction des scènes et de leur situation dans l'intrigue. Pegg est d'ailleurs quelque peu rentré dans les détails : il a ajouté que l'état ne changeait pas vraiment entre le 1e et le 6e pub. Il explique qu'à la 7e pinte, les yeux ont tendance à cligner plus doucement ; à la 9e, le cou supporte moins la tête, ce qui entraîne un hochement relâché ; à la 10e, la mémoire à court terme commence à se troubler et "toutes les 30 secondes, on se rappelle à quel point on est bourré" ; à 12 vient le déni total de son état d'ébriété, "on est convaincu d'être sobre alors qu'on n'a jamais été dans un tel état".
L'une des marques de fabrique du duo Wright/Pegg est le placement subtil d'éléments prémonitoires des évènements majeurs de leurs films. C'était déjà le cas dans Shaun of the Dead dont l'intrigue complète est astucieusement dévoilée par les deux héros lors d'un échange au Winchester dans l'une des premières scènes. Le plus flagrant dans ce dernier volet de la trilogie n'est autre que le nom des pubs : le premier s'appelle "The First Post" ; le deuxième, "The Old Familiar" (littéralement Le vieux familier) dont l'intérieur est une exacte copie du premier pub ; le troisième est "The Famous Cock" (soit Le célèbre coq) dans lequel Gary est enfin reconnu ; dans le quatrième pub, "The Cross Hands", Les mains croisées, les amis se battent ensemble ; sur l'enseigne du cinquième, "The Good Companions", on y voit un masque heureux et 4 tristes, représentant respectivement l'état d'esprit de Gary d'un côté et celui de ses comparses de l'autre ; le sixième, "The Trusty Servant" (Le fidèle serviteur) met en scène le vieux dealer de drogues de leur jeunesse, le révérend Green ; les menaçantes jumelles sont présentées dans le septième pub, "The Two-Headed Dog" (Le chien à deux têtes) ; les 5 héros se retrouvent sous l'emprise de trois jeunes femmes dans le huitième, "The Mermaid" (La sirène) ; ils sont confrontés à une nuée d'extraterrestres dans le neuvième, "The Beehive" (La ruche) ; au numéro 10, "The King's Head", Gary (dont le nom de famille est King) décide de continuer la tournée tout seul ; une voiture fonce dans le onzième pub, "The Hole in the Wall" (Le trou dans le mur) ; enfin le douzième, "The World's End", est le lieu où se déroule la fin du monde. Par ailleurs, en observant bien, le "numéro" de chaque pub (selon l'ordre établi par la tournée) apparaît de façon plus ou moins évidente dans leur décor, sur une ardoise ou un panneau. Autre subtilité : avant leur arrivée à Newton Haven, Gary déclare que dans le célèbre roman d'Alexandre Dumas, il aurait dû y avoir cinq mousquetaires, "deux seraient morts, il en resterait toujours trois". Loin d'être anodine, cette constatation présage la mort d'Oliver et Peter.
Le Dernier pub avant la fin du monde regorge de références à la légende du roi Arthur. Simon Pegg décrit le film comme étant une quête métaphorique d'un passé depuis longtemps révolu menée par un personnage aussi déterminé et obsédé que l'illustre sire de la Table Ronde. En outre les noms de famille des héros sont significatifs : Gary King, Andy Knightly (chevaleresque en français), Peter Page (dans le sens du serviteur de cour), Steven Prince et Oliver Chamberlain (chambellan en français). Par ailleurs, Gary s'autoproclame "the once and future king", qui n'est autre que le nom d'un cycle romanesque sur la légende arthurienne écrit par T.H. White.