Buddha Mountain est un film vraiment réussi, alternant les moments oniriques avec d'autres plus dramatiques. Il parvient à capter ce que c'est que d'être un jeune adulte, entre l'ennui, les amis, les conneries qu'ils font ensemble et surtout une certaine maladresse vis-à-vis des relations amoureuses...
Et la force du film est sans doute d'avoir réussi à mélanger ces aspects là, avec toute la mélancolie et l'humour qu'ils peuvent contenir avec la vie d'une femme plus âgée, abimée par la vie et par la perte de son fils. Disons que grâce à ça, les errances de ces jeunes semblent moins vaines et s'heurtent à une pauvre dame qui peut paraître antipathique de prime abord, mais qui en a surtout bavé.
Ce n'est pas manichéen, on a des personnages qui ne font pas forcément ce qu'ils devraient faire, qui font des erreurs et il en résulte qu'ils sont tous profondément humains... Ce qui permet bien sûr de les rendre vraiment attachants et que les moments de tendresse entre eux fonctionnent vraiment bien. D'ailleurs c'est sans doute ce qui marche le mieux dans le film : l'émotion. Dès qu'il s'agit de faire une séquence un peu mélancolie, où il ne se passe rien, où les corps s'étreignent avec une belle musique en fond, c'est vraiment beau. Li Yu arrive à nous proposer des moments hors du temps, où tout semble figé, où la seule chose qui compte c'est le moment présent...
C'est peut-être juste dommage que le film traîne un poil en longueur, qu'on a compris où il voulait en venir et qu'il semble s'éterniser un peu alors que l'essentiel a été dit et que visuellement on a pas mal de redites.
Il n'en reste pas moins, outre l'émotion et l'aspect sensoriel qui fonctionnent vraiment bien, un film qui montre la Chine... je trouve ça toujours fascinant de voir les répercutions du séisme de Sichuan en 2008 et comment vivent ces gens, comment sont les routes, les bâtiments...
Et encore une fois, en inscrivant son récit dans une temporalité et un espace clairement défini, on arrive à toucher à l'universel et voir qu'en Chine où chez nous, les gens vivent des choses qui nous parlent tout autant. Donc à part ce léger bémol sur la fin, le film était réellement puissant et envoutant !