Que reste t-il de la splendeur du cinéma japonais? Celui qui nous faisait rêver dans un univers poétique presque immobile, ou au contraire nous projetait dans le bruit et la fureur? Ce sont les coréens qui ont repris le flambeau....
Eh bien heureusement, il commence à y avoir de la relève, comme le jeune encore, Kore-Eda Hirokazu, qui nous avait ravi avec Still walking et l'extraordinaire Nobody Knows, l'histoire de cette fratrie d'enfants survivants seuls. C'est encore une histoire d'enfants qu'il nous raconte: celle de deux frères, habitant sur une île volcanique, et que le divorce des parents a séparés.
L’aîné, Koichi, âgé de 12 ans, vit avec sa mère chez ses grands-parents au sud de l’île, alors que Ryunosuke, un peu plus jeune, est resté au nord avec son père, guitariste rock, zozo passablement allumé. Les deux frères sont très différents. Koichi (Koki Maeda) est celui qui souffre le plus de la séparation. Il est plutôt sombre, il s'inquiète du volcan qui surplombe sa petite ville en fumant et en crachant. Il nettoie la poussière noire qui tombe sur sa terrasse ou dans sa chambre avec un soin de vieille fille.... Ryunosuke est toujours joyeux. Il adore cultiver les légumes, entretient son petit lopin de terre et veille sur son zozo de père. Il faut bien dire que le jeune acteur, Ohshirô Maeda, est absolument irrésistible; avec sa petite bouille rigolarde, c'est un des gros atouts du film. S'il vivait en occident, nul doute que la pub ne se soit déja jetée sur lui; on lui ferait rater l'avion, ou livrer la guerre des boutons.... souhaitons lui de garder sa fraîcheur!
Voilà que le TGV qui relie le nord et le sud de l'île est mis en service. Imaginez la vitesse à la rencontre! Koichi entend dire que, si l'on est juste au point de croisement et qu'on fait un voeu, il se réalise... Reste à convaincre le petit de venir au rendez vous -et peut être, la famille se reconstituera! Finalement, les deux frères se retrouveront, Koichi flanqué de deux copains, et Ryunosuke de trois copines, chacun porteur de son voeu secret. L'un a amené son petit chien Marple, qui vient de mourir, dès fois qu'il ressuscite. L'autre souhaite épouser la trop jolie bibliothécaire de l'école..... Une autre voudrait devenir actrice (elle a dansé dans une publicité, déguisée en banane). Les enfants seront recueillis pour la nuit par un vieux couple dont la fille est partie sans leur donner de nouvelles, et qui revivent une soirée de bonheur. Ils arriveront à grimper sur un tunnel pour voir le croisement magique, criant leurs voeux respectifs. Bon, l'un constate que "Marple est encore plus froid" que la veille. Au contraire, la future actrice a trouvé le courage de prendre sa décision et de dire à sa mère que oui, elle va partir à Tokyo étudier la comédie. Pendant ce temps là, le papa-zozo a trouvé un engagement, et Ryunosuke est sûr que c'est grâce à lui! Quant à Koichi, eh bien, comme Zazie, il a vieilli, tout simplement, il a compris que ca ne sert à rien de se lamenter sur le passé et qu'il faut aller de l'avant, et par exemple, comme les anciens, s'accomoder du volcan et mouiller son doigt le matin pour détecter le sens du vent....
Le film est charmant, il a du charme, il est gracieux, il a la grâce, mais, malgré tout, en comparaison avec Nobody Knows, il reste un peu léger. Léger par le ton, léger par le fond, par le scénario qui est menu-menu et par moments, dans la première partie, qui précède la préparation de l'expédition, c'est un peu longuet. Même si le réalisateur décrit avec une veine littéralement pagnolesque le milieu où vit Koichi, son pittoresque grand père et ses vieux amis dont le principal souçi est de reconstituer un gâteau traditionnel dont la principale particularité semble de n'avoir aucun goût.... Mais on s'attache à ces deux petits garçons qui passent leur temps à courir, un cartable sur le dos et harnachés de sacs divers, et à cette ambiance un peu vieillotte, un peu provinciale -il me semble qu'en France, il y a bien longtemps qu'on a cessé de décrire l'enfance comme ça....
Encore un film à voir de toutes façons.