Film inclassable aux images et à la mise en scène magnifiques mais surtout empreint d'une certaine nostalgie pour une époque et des pratiques révolues. On entre comme jamais dans l'univers de ces filles en quelque sorte prisonnières de 'leur' maison et de sa propriétaire qui fait en sorte qu'elles aient toujours une dette à rembourser. Il n'y a pas beaucoup d'action et on pourrait craindre que le film ne se traîne, or on n'arrive pas à se détacher de ces images et la vie de ces filles et de cette 'maison' nous captivent au point que la fin arrive trop vite. Les filles sont filmées dans leur nudité crue, toujours très naturelle donc belle, plus que sexuelle et en aucun cas pornographique. Le regard de cette fille balafrée en dit long sur sa souffrance muette. La musique est parfois inattendue ('Nights of white satin' le soir du deuil d'une des filles) mais le 'Bad Girl' de Lee Moses sur les dernières images est sublime spoiler: avec cette scène de filles actuelles qui racolent en pleine rue et de cette fille au visage fermé qui sort d'une voiture après avoir fait une passe . Jamais le nom de 'soul' music n'a été aussi adéquat pour exprimer ce qu'il peut y avoir dans ces 'âmes' qu'on dit perdues, en tout cas muettes sur leur sort. Autre époque, autres mœurs, mais où sont passées les étoffes, les décors et la mise en scène de ces maisons d'antan?
Excellente plongée hypnotique dans le quotidien d'une maison close tenue par une Noémie Lvovsky à la dure humanité. C'est un film lent, très peu narratif. Ce qu'il raconte est affaire d'atmosphère, de pistes à suivre, de douleurs tues. Chacune des filles est accompagnée par la caméra pour saisir l'attitude, le regard, l'espoir ou le désespoir d'une vie enfermée. Un choix d'existence regretté ou assumé, que des comédiennes fantastiques font exister et ressentir. La mise en scène très travaillée de ce film ambitieux est sans doute la plus réussie de tous les films de Bertrand Bonello. Dans une ambiance claire/obscure où la lueur des corps-porcelaines des actrices éclaire les décors étouffants. La photo magnifique magnifie le tout, solidifiant la tonalité du film. Du travail d'orfèvre en somme.
À l'aube du XXème siècle, dans une maison close à Paris, une prostituée a le visage marqué d'une cicatrice qui lui dessine un sourire tragique. Autour de la femme qui rit, la vie des autres filles s’organise, leurs rivalités, leurs craintes, leurs joies, leurs douleurs... Du monde extérieur, on ne sait rien. La maison est close. Film malsain et ennuyeux, pas toujours bien joué, L'Apollonide est un film qui ne m'a jamais touché et dont je suis ressorti de marbre.
J'ai personnellement beaucoup aimé ce film. Pas par son pouvoir de narration qui est tout de même assez limité, mais plutôt par sa force poétique. On reste véritablement happés par la beauté des prostituées et on se rend compte que leur vie n'est et n'était pas si facile que ça...
La fin des maisons closes a Paris, le réalisateur a l air assez tourne autour de ses sujets. C est terrible c est pas facile pour ces femmes et on ne peut s empêcher de penser que malgré tout c était mieux pour elles avant
Incroyable je viens seulement de me rendre compte que après tout ce temps je n'ai pas encore fait de critique pour ce film ô combien magnifique ! Véritable ofni, Bonello signe de sa patte toute particulière un film d'une grande sensibilité et d'une grande humanité... Je ne sais que dire pour décrire une si singulière sensation ! Aussi bien sur le fond que sur la forme, L'Apollonide parvient à séduire avec une brutalité toute douce. Finalement avec le parallèle de la fin, on se rend compte que la société a beau évoluer, les mœurs ne changent pas tellement ! Un film qui raconte la vie âpre de ces femmes, leurs rires, leurs larmes et leurs peurs, leurs peines et leurs agonies quotidiennes. On les voit prisonnières de leurs conditions... Tout cela sans jamais tomber dans quelque chose de mélodramatiquement insupportable. Simplement un film juste et précis pour nous faire ouvrir les yeux sur ce qu'on aurait tendance à ne pas vouloir voir ! Mention spéciale pour la BO, transcendante et malgré ce que l'on pourrait croire de prime abord, parfaitement adéquate avec l'intemporalité du récit
On retient son souffle tout au long de ce film d'une terrible beauté glaçante! Les tableaux d'un esthétisme pictural ne font cependant pas oubllier l'horreur des situations.
Ce film est très intéressant, il y aurait beaucoup de choses à dire dessus, mais je me suis ennuyée. spoiler: Par dessus tout, je n'ai pas du tout apprécié le saut dans le temps à fin qui apporte un regard moraliste inutile. Le spectateur est assez grand pour noter l'influence du présent sur une histoire racontée au passé sans qu'on lui mette sous le nez !
Sujet traité finement et avec originalité, plongée cruelle dans une maison close. Actrices très homogènes brillant ensemble comme les plumes de la queue du paon qui se déploie, dont la féminité est filmée à travers les étoffes soyeuses de costumes dont la beauté est vraiment à signaler. La question de l'existence des maisons closes, de leur maintien ou de leur fermeture, s'enrichit de nombreux éléments de réflexion grâce au film.
D'autres critiques sur mon blog: http://clairedanslessallesobscures.over-blog.com/ Les commentaires sont plus que bienvenus!
Ce film est pour moi l'une des révélations de cette année 2011: la poésie, bien évidemment, de la séquence de réminiscence onirique, mais également les travellings dans les sombres couloirs, la subtilité de la direction des actrices et acteurs, ainsi que la rythmique interne de la mise en scène nous plongent au cœur de la musique d'une très grande œuvre cinématographique.
On ressent rapidement les influences impressionnistes dans la mise en scène et la photographie de l'Apollonide. Mais cette esthétisation n'est pas là pour enjoliver la condition de ces femmes, au contraire, elle tranche avec leur dure réalité. Le ton n'est pas moralisateur (ouf !) et le film (re)donne à ces femmes toute leur humanité, en les présentant d'abord comme des femmes. Le long-métrage ne s'attarde alors pas sur l'une d'entre elle mais sur le groupe, sur leur destin, sur leur vie ensemble. Un joli film.