Avis sur Les Mauvais jours

Aujourd'hui la crainte de finir dans la rue hante beaucoup de français. La crise qui n'en finit pas depuis trente ans conjuguée à l'émergence des pays autrefois nommés "en développement" renforce ce sentiment sourd d'insécurité. Ce téléfilm de très bonne tenue enfonce le clou en montrant que les femmes sont encore plus fragilisées que les hommes face à la précarité. Pour illustrer son propos le réalisateur ne pouvait espérer meilleure ambassadrice qu'Ariane Ascaride, actrice fétiche et compagne de Robert Guédiguian. Il y a exactement vingt ans Gérard Jugnot avait évoqué le même thème en le teintant d'humour car encore marginal à l'époque il pouvait prêter à sourire. En 2011, plus question de plaisanter sur le sujet devenu une réalité pour de plus en plus de gens qui vivent à côté de nous dans l'indifférence. La réaction de la victime de cette brutale déclassification n'a pas changé alors que l'on aurait pu penser avec le temps que la banalisation de la situation aurait permis la déculpabilisation . Non ! C'est toujours la même honte qui envahit ceux que la société rejette brutalement du jour au lendemain. Chacun espère secrètement au fond de lui que ce seront toujours les autres qui seront touchés. Ascaride est comme à son habitude touchante d'humanité cherchant à cacher à sa fille et à son petit fils la déchéance sociale qui est la sienne. Quand elle ne peut plus donner le change , elle préfère disparaître pour aller vire sa honte avec ses compagnons d'infortune, dans la rue. Heureusement un soupçon d'optimisme vient nous donner un peu d'air à la fin du téléfilm. Un téléfilm d'utilité publique qui nous demande de faire attention à tous ceux qui nous entoure car souvent les drames se vivent sous nos yeux sans que l'on y prête attention trop préoccupés que nous sommes par nos petits tracas du moment. Salutaire.

Fin au goût "eau de rose" mais sinon, un film réaliste qui attise un peu plus la peur de se retrouver à la rue.