Film aussi beau qu'infiniment triste. Non pas que l'histoire de cette femme (qui s'arrête d'écrire, dans une langue admirable, faute de papier, sans avoir rappelé son nom d'"avant") ne soit pas pleine d'espoir, mais parce qu'elle édifie sur la méchanceté humaine (la rencontre de l'alpage). En contrepoint, et c'est là toute son émouvante signification, c'est un éloge de la bonté des animaux ("Lynx"- interprété par le propre chien du réalisateur), ou au moins de leur totale innocence (la corneille blanche, le renard..). Une "robinsonnade" (en fait fable sur la solitude), poétique, tragique, une réflexion sur la condition humaine sans amphigouri, une célébration simple, poignante et magnifique, de la vie, l'amour, un doigt posé sur ce qui est essentiel, comme la responsabilité envers les faibles, la morale... et tout le reste, qui n'est que vanité et fatuité. L'Allemande Martina Gedeck ("La vie des autres", mais aussi "La Religieuse" de Nicloux) est magnifiquement sobre.
Tombée par hasard (streaming) sur ce film austro-allemand ("Die Wand"), réalisé par Julian Roman Pösler (également metteur en scène pour l'opéra), qui a su faire partager au spectateur son engouement de toujours pour le livre homonyme de Marlen Haushofer (autrichienne comme lui, et disparue prématurément en 1970), je sors bouleversée de son visionnage. Une plongée dans l'âme des êtres, dans un décor d'exception (le massif du Kreuzberg), laissant, côté émotion, comme réflexion, toutes les autres plongées cinématographiques "dans la nature", des coudées en-dessous.