Avis sur Extraordinary Tales

Bon comme tout le monde j'aime beaucoup Poe, même si je n'ai pas tout lu, ce qui est un tort à rattraper sous peu (enfin avant de mourir) et j'adore au moins tout autant des gens comme Christopher Lee, Del Toro ou Lugosi. Et rendre avec ces grands noms un hommage à Poe dans cinq courts métrages aux partis pris artistiques très différents, ben je trouve l'idée géniale. Le résultat n'est pas à la hauteur de l'ambition, ok, mais l'idée est géniale.

Alors tous les design ne sont pas réussis, j'ai vraiment aimé celui du dernier segment (avec son aspect peinture) et celui du troisième qui a un aspect bande dessinée (éventuellement celui du récit encadrant, mais sans plus). Entendre un vieil enregistrement de Lugosi lire le coeur révélateur c'est vraiment plaisant... Sauf que bon ça le film se limite à ça, entendre Lee et Lugosi lire du Poe. En fait, malheureusement, il n'y a pas vraiment de mise en scène intéressante qui fasse autre chose que de l'illustration, qui parvient à créer une ambiance, sauf à un moment dans le quatrième segment, où une sorte de je ne sais pas quoi descends en se balançant menaçant de couper la tête du héros, et là on joue bien sur la tension. Mais sinon le reste. Moarf.

Après mon segment préféré est le dernier, alors que par exemple le coeur révélateur qui doit être la nouvelle que j'ai lu qui m'avait le plus glacé le sang ne donne absolument rien à l'écran. Le dernier arrive à donner une atmosphère inquiétante, de mystère, tout simplement car on ne sait rien. Il n'y a pas de dialogues, juste une phrase à un moment donné... On n'a pas la super star du film d'horreur qui vient te lire Poe, là le réalisateur est obligé de faire un cinéma, de travailler son ambiance et ça marche.

Donc ouais, c'est bien sympa !

Mais heureusement que ça ne dure qu'une heure douze au total, car un long métrage pour deux ou trois bonnes idées et un ou deux designs réussis ça fait peu.

Bref ça se regarde, mais plus pour l'idée que pour la réussite du film. Et comme dit si avoir Lee ou Lugosi handicape la mise en scène car il faut illustrer ce qu'ils disent (on va pas demander à Lugosi de réenregistrer son texte), ben ça vaut pour ça, entendre cette vois venir littéralement d'outre-tombe.

Les nouvelles sont bien choisies par contre, bon mélange entre les deux premières qui sont très connues et les trois autres dont je n'avais jamais entendu parler.

Ne cessant jamais d'être une source d'inspiration pour le cinéma, l’œuvre d'Edgar Allan Poe inspire ici Raul Garcia qui en tire un film d'animation d'une heure dix adaptant cinq nouvelles de l'auteur. Nous sommes donc invités à plonger dans l'univers délicieusement macabre et glaçant de Poe, le tout emmené par des hôtes de qualité. En effet, "La Chute de la Maison Usher" est conté par Christopher Lee, "Le Cœur Révélateur" par Bela Lugosi (grâce à un vieil enregistrement, comme s'il nous parlait d'outre-tombe), "La vérité sur le cas de M. Valdemar" par Julian Sands et "Le Puits et le Pendule" par Guillermo Del Toro. Seul "Le Masque de la Mort Rouge", dernier segment du film ne sera pas raconté et Garcia en profitera pour créer une atmosphère pesante et terrifiante à partir de ses seules images. Images d'ailleurs sublimes, chaque récit bénéficiant d'un style visuel différent, collant parfaitement aux histoires qu'il nous conte. Si le film est loin de la perfection, il dégage néanmoins un charme fou capable de nous arracher quelques frissons au passage, nous laissant avec la folle envie de se replonger dans les écrits de Poe.

Le choix de sketchs traitant des nouvelles de Poe, n'es pas à la portée de n'importe quel micheton. Ici, les choix graphiques et les couleurs, ainsi si que les narrations frôlent le chef-d’œuvre pour ceux qui n’aiment pas les sentiers battus et rebattus du cinéma boursiers et banquiers. Pour d'autres, il s'agira d'un exercice de style sans intérêt. Peu importe ... les amateurs d'un cinéma qui décide "d’être de l'art non commercial", sans avoir les rodomontades du "Cinéma d'art et d'essais". seront ravis devant ces cinq récits d'animations variés et fantasmagoriques. A quand des récits de Lovecraft sous cette forme ?!!!

Comme toute anthologie qui se respecte, il est difficile de ne pas juger les films les uns par rapports aux autres, et forcément certains paraîtront un peu faibles tandis que d’autres marqueront durablement les esprits. Surtout dans ce cas précis où les univers graphiques sont aussi radicalement variés. Le gros point faible de cette édition reste surtout cette tentative de lier les courts métrages par un fil directeur un peu faible, mettant en image l’auteur sous la forme d’un corbeau qui discute avec la mort. Une mise en bouche pas terrible, animée avec peu de génie, qui ne dynamise pas vraiment l’ensemble. Ces intermèdes ont même plutôt tendance à faire retomber la tension, parfois forte, qui se dégage des films à proprement parler, enchaînant les poncifs sur Poe (l’obsession de la mort, le corbeau…) sans jamais atteindre la poésie du maître. Pour ce qui est des histoire adaptées, ce sont surtout des classiques parfois portés à l’écran de nombreuses fois. Le réalisateur se contente de suivre le texte à la lettre, mais réserve parfois de belles surprises.