Quand j’ai vu les nombreux retours dithyrambiques de la presse et des spectateurs, j’ai honnêtement eu un peu peur. Car oui, quand tout le monde vient vous hurler que c’est génial, ce qui se passe bien souvent c’est qu’on ressort déçu. Mais que Dieu me pardonne d’avoir pu douter du talent de Tarantino, il faut dire que l’attente aura été bien longue et que le doute a malheureusement eu le temps de s’installer. Mais le résultat est là, et je vais pas batailler des heures là-dessus : Le film est une putain de grosse réussite, le genre de claque qui est agréable à prendre et pour laquelle on serait prêts à tendre les deux joues. Tarantino est au sommet de sa forme, et il le démontre encore une fois avec Django Unchained. Si la première demi-heure de film m’a laissé perplexe à cause de son académisme surprenant (une volonté de séduire les jurés aux Oscars?), qui est bien loin de coller à l’esprit du style de Tarantino, exceptée la somptueuse séquence d’ouverture, bel hommage visuel et musical aux westerns ainsi qu’à leur titrage, le film prend cependant, et rapidement, un tout autre tournant et nous livre alors l’étendu de sa folie, notamment sur la fin qui part en total délire. Car s’il est clair que le style du monsieur ne plaira pas à tout le monde, la chose qu’on ne peut définitivement pas lui enlever c’est son talent pour l’écriture de scénarios. On assiste à un brillant enchaînement de situations à la fois sérieuses et comiques (le passage avec les cagoules est bien parti pour devenir une séquence culte) et servies par des dialogues passionnants écrits dans un but précis, avec intelligence et réflexion, et non pas pour meubler entre deux séquences d’action. D’ailleurs l’action est beaucoup moins présente dans ce film que dans les précédents, et il faut attendre la fin pour assister à une boucherie Tarantinesque telles qu’on les aime, mais ça vaut vraiment le coup d’attendre un peu car c’est certainement l’une des meilleures! Si Tarantino a toujours su s’entourer des meilleurs acteurs pour camper ses personnages, on peut dire que sur Django Unchained il frappe un très très gros coup. Et pour moi la réelle surprise vient de Leonardo DiCaprio qui est méconnaissable et qui livre une performance saisissante, très loin de ce qu’il a l’habitude de faire. Coup de coeur également pour Samuel Lee Jackson, véritable force comique du film et dont la prestation est remarquable. Et pour finir il faut bien sûr parler de Christoph Waltz, qui reste fidèle à lui-même, et qui mérite assurément sa nomination aux Oscars puisqu’il a un talent fou pour rendre ses personnages attachants, mémorables et humains (Ce cher Hanz Landa!), et de Jamie Foxx qui campe ici le meilleur rôle de sa carrière, tout simplement. Et puisque un Tarantino ne peut pas être complet s’il n’a pas la Bande Originale qui va avec, cette fois j’aurai moins de retenue sur mes propos et je dirai que c’est à coup sûr la meilleure de la filmographie du cinéaste. En effet, et pour l’occasion, Ennio Morricone offre des thèmes composés spécialement pour le film, et bien que le reste des musiques soient anachroniques avec l’époque elle se mélangent à nouveau à l’ambiance avec un naturel surprenant (mention spéciale pour Unchained, le mix entre 2Pac et James Brown tout simplement détonnant). En conclusion : C’est avec grand plaisir que je vous annonce, et sans mâcher mes mots, que Django Unchained est le premier grand film, ainsi que le premier Chef-d’oeuvre de cette année 2013. Tout simplement car Tarantino a atteint avec celui-ci son plus haut niveau de maturité, cinématographiquement parlant (enlevant le petit côté prétentieux et démonstratif que beaucoup reprochent à Inglourious Basterds), tout en gardant les références qui font son succès, son immense talent de scénariste et ses dialogues croustillants, sa folie sanglante, et en ayant su s’entourer du meilleur casting possible (petite retenue cependant pour Kerry Washington qui manque cruellement de charisme et de présence). Seul bémol? La Version Française qui est une immondice sans nom (à ce niveau c’est presque du blasphème), donc je vous conseille vivement la VO. Il est encore trop tôt pour pouvoir dire si c’est bel et bien le meilleur film du grand Quentin Tarantino, mais il va rester dans les mémoires c’est plus que certain!