Difficile de parler d'épisode de la maturité pour Quentin Tarantino (si c'est le cas, je vous invite à re-visionner la fusillade de fin sous testostérone sur fond de James Brown & Tupac) mais à l'inverse ceux qui parlent de "Django Unchained" en affirmant que Tarantino s'est défoulé pour faire ce film ferait mieux de revisionner sa filmographie complète. Malgré un certain cynisme propre au réalisateur, le film se veut tout de même bien plus sérieux que "Pulp Fiction", "Inglourious Basterds", "Kill Bill" ou "Jackie Brown". Pour cause on pourrait juger ce film comme l'un des moins "Tarantinoesques" de sa filmographie, sa patte étant sensiblement moins palpable qu'à son habitude, en particulier parce qu'il abandonne presque les dialogues délirants s'éloignant à 200% de l'histoire principale qui sont pourtant sa marque de fabrique voire l'un des piliers de son cinéma (il n'y en a qu'un, celui du KKK, aussi marrant soit-il). Mais bon libre à chacun de juger si le film est un bon Tarantino ou pas, reste qu'en lui-même le film est excellent et le public le lui rend bien, même s'il n'est pas non plus blanc comme neige (hu,hu). En particulier parce que son personnage principal, Django que j'aime bien, est quand même assez loin d'être le plus marquant du film. Il fonctionne plutôt bien et on a envie de le suivre dans sa quête et de le voir réussir, et pas grand-chose à redire de l'interprétation d'un Jamie Foxx bien silencieux, le problème pour moi est que son silence ne communique pas grand chose de spécial hormis à de rares occasions. Et puis surtout parce que l'acteur aussi bon soit-il ne peut qu'être écrasé par le talent d'un Christoph Waltz tout en nuance et en subtilité dans un rôle aussi marquant que celui d'Hans Landa, DiCaprio dont les accès de colère paraissent toujours plus vrais que nature et Samuel L Jackson qui prend un pied monumental dans son rôle d'esclave de maison. Mais bon c'est la seule limite que je lui trouverais et encore je trouve que je cherche un petit peu la petite bête, comme quand je dis que les musiques sont pour la plupart très bonnes mais pas assez discrètes; parfois et surtout vers la fin, elle prennent trop le pas sur l'action et se mettent trop en avant pour un résultat parfois à la limite du clip, quelque chose qui me dérange. Reste que le film ne souffre d'aucun accroc question rythme et dosage ainsi que son lot de répliques cinglantes et de scènes mémorables, de ce côté-là l'ami Quentin est en forme comme rarement. L'intrigue est à la fois très simple dans les grandes lignes et compliqué dans les relations inconstantes entre les personnages et les stratégies employées pour arriver à leurs fins et j'ai quelque peu dévalué le film sur ce point: je pensais qu'il n'y avait aucun fond et que le film de Tarantino se reposait exclusivement sur la beauté de son style, et j'y ai surtout vu un gros trou dans le scénario:
pourquoi Schultz ne se présente-t-i simplement pas à Candy comme un Allemand ayant entendu parler d'une esclave qui parle l'Allemand, chose rare, et prêt à y mettre le prix fort ?
. Mais je me suis finalement dit qu'un tel trou était un peu gros pour que Quentin Tarantino passe à côté et après avoir réfléchi deux secondes, avoir pensé à la première rencontre entre les deux protagonistes et à l'exécution des frères Tuttle et relié ça avec Candyland, je vois les choses un peu différemment. A mon avis le fait que les personnages ne pensent même pas à la solution la plus simple et logique qui satisferais tout le monde et en viennent irrémédiablement à se plomber les uns les autres tient juste de la connerie humaine, parce qu'il est plus facile de faire parler la poudre que de tenter de négocier (après tout même Schultz le gentleman réfléchi et pragmatique laisse souvent tomber la raison pour les flingues) et tout ça donne un sens à l'ultra-violence du film en plus d'être très raccord avec le contexte. Peut-être que je sur-interprète et que Tarantino voulait juste se défouler et remettre les pendules à l'heure comme pour "Inglourious Basterds", mais à vrai dire peu importe ce qu'il voulait, c'est ce que j'en retiens.