Le film (belle photographie en noir et blanc du Slovaque Igor LUTHER, 34 ans) adapté du (5e) roman éponyme (1938) écrit à 35 ans par Marguerite YOURCENAR (1903-1987), académicienne française, raconte un triangle amoureux [Conrad, sa sœur Sophie (Margarethe Von TROTTA, 34 ans et épouse, à l’époque, du réalisateur) et son ami, Erick Von Lhommond] pendant l’hiver 1919 dans la province de Courlande (région occidentale de la Lettonie). Malheureusement, l’histoire est peu passionnante, loin du lyrisme du « Docteur Jivago » (1965) de David Lean, d’après le roman éponyme de Boris Pasternak (1890-1960), prix Nobel de littérature en 1958, et qui se déroule à partir de 1913 en Russie, magnifié par la musique de Maurice Jarre (1924-2009), qui dépasse celle de Stanley MYERS (1930-1993). Aucun personnage ne suscite la sympathie et/ou l’intérêt, à part le médecin français (Marc EYRAUD) qui soigne les soldats allemands blessés et tente de lutter contre le typhus. Il y avait matière à développer et expliciter le contexte historique : la Courlande fait partie de l’Empire russe depuis le traité de Nystad (30 août 1721), tout en étant dominée par des propriétaires germano-baltes et germanophones. Par le traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918), la Russie soviétique a cédé les états baltes à l’Empire allemand mais la défaite allemande du 11 novembre 1918 a permis à la Lettonie de déclarer son indépendance. Le film, comme le roman, se contente de montrer les Allemands en lutte contre les Bolchéviques, au profit de l’histoire sentimentale qui aurait pu se dérouler dans n’importe quel pays en guerre mais qui témoigne de l’ambiance belliciste en Europe lors de l’écriture du livre : guerre d’Espagne non terminée, montée en puissance de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste. Cela n’est pas, quand même, « La chartreuse de Parme » (1839) de Stendhal (1783-1842) pendant les guerres napoléoniennes.