Il serait peut-être de bon ton, pour qui a la velléitéd'exprimer publiquement son opinion sur un film, que ce soit sur un site Internet ou au café du coin, de s'imposer un peu de respect pour la langue française... Prenons les enfilades de poncifs, par exemple :on pourrait exiger, déjà pour soi-même, à l'écrit ou à l'oral, que les mots employés veuillent réellement dire quelquechose, de plus fouillé disons, que "je m'est ennuyer et g dormis" (eten mieux orthographié, ou en mieux dit) ou qu'on ait, mieux encore ! saisi un peu le film dont il est question.
Il est donc conseillé d'aller au cinéma bien réveillé. Prenez un café. Et si on ne l'a vraiment pas aimé ou pas compris, ou les deux, et ça arrive, et qu'il soit décidément trop fastidieux d'éviter l'écueil du mot attendu, notrecharte perso donc, pourrait nous imposer l'évocation de carrément autre chose : sa soiréemerguez et taboulé entre collègues, le résultat au jokari du petit dernier, quesais-je...
Propositions que l’auteur de ceslignes s’applique à lui-même, il va sans dire.
Concernant ce film, il est simplementexcellent. Ok, dire cela, c'est un poil attendu. Essayons autre chose. Simplement: les acteurs jouent très, très juste : l’accord ici est pile au diapason,entre le suburbain de la vraie vie, et le comédien, tous les comédiens, quiendossent le style et la réplique de cette partie nombreuse de la populationserrée en petite ceinture de mégapole. Ce film, dirait l’autre, c’est de la vie incorporéedans la pellicule.
Voie rapide est documenté. Fouillé. Certes on n'est pas dansun copié/collé de fiction étasunienne clinquante à grand spectacle, avec montéeen tension virile et force effets pyrotechniques. C'est la vie comme elle est, banalesi on ose dire ; la vie en milieu ouvrier, tafmorne, vies pressées de s’en échapper, pressurées, au smic, confrontées àla répétition du même. Ce serait triste et pénible si le tout n’était pas emballédans une mise en scène fine et sans frime, dédiée à son sujet - et d'une mise en tension, l'air de rien -, avec partispris narratifs subtils et fort émouvants. Autant d'éléments qui viennent sublimerl’aspect documentaire et un peu sec de ce film. Car voilà, à l'occasion d'undrame, survient la rencontre de deux individus dévastés, dont les tragédiespersonnelles se superposent, puis s'intriquent au fil des événements, engendrantmoult effets collatéraux très bien vus, et fait au final, sans doute,le meilleur film de ces derniers mois. Pour le coup, se disait-on en partantavec le bide comprimé, il serait triste que les multiplexes(cauchemardons un instant !) cessent un jour de projeter de ce type d'oeuvres « minoritaires » au profit exclusif de mastodontes du boxoffice. On songe ici à la pachydermique chauve-souris, qu’on n’a pas vu etqu’on n’ira pas voir (le précédent avait largement suffit !) A la place,on est allé voir ceci. On le recommande chaudement. Normal, c’est le mois d’août.Bon, maintenant c’est l’heure du pastis. Ciao.