Tout comme un 5/5 semble difficilement envisageable, je ne pensais pas utiliser aussi rapidement le 0. Et pourtant, malgré toute ma bonne volonté, il est difficile de trouver des qualités à Télé Gaucho, film que j’ai eu l’occasion de découvrir il y a un peu plus d’un mois en séance Label des Spectateurs UGC. Le Label UGC permet aux films primés de bénéficier d’une campagne marketing renforcée, à la charge de l’exploitant UGC. Le fonctionnement est simple, des abonnés sont conviés à une projection, sans rien savoir du film qui leur sera proposé, et décident ensuite, en répondant à un questionnaire, si oui ou non le film vu mérite de recevoir le label. Le concept est séduisant mais perd toute crédibilité quand on apprend, dès le générique d’ouverture de Télé Gaucho dans le cas présent, que le film est distribué par ce même UGC…
Le film est partiellement biographique, puisque le parcours de Victor (Félix Moati), le personnage principal, à Télé Gaucho est en fait inspiré de la propre expérience du réalisateur Michel Leclerc. Conséquence directe, ce dernier ne semble pas intéressé par son personnage mais seulement par la possibilité de se remémorer son propre passé. Il bâcle ainsi toute description des personnages et toute tentative de dresser une structure narrative. Tout le premier acte, censé introduire Victor (Félix Moati) n’est qu’une succession de séquences chacune trop rapide, de la relation avec ses parents à son déménagement à Paris pour effectuer son stage. On a vraiment le sentiment que Michel Leclerc se fout totalement de la construction de récit, et les quelques moments de sourires disséminées de manière sporadiques dans le film ne suffisent pas pour laisser passer le reste. Plus le film avance, plus il est fouillis, donnant l’impression que Michel Leclerc ne maitrise rien, volontairement ou pas. On enchaine les scènes de manifestations et les meetings anarchistes durant lesquels Eric Elmosnino et toute la troupe semble totalement à la dérive, livrés à eux-mêmes. Si les acteurs ne sont pas mauvais, chacun fait son boulot correctement, on sent qu’aucun d’entre eux n’a été dirigé par le « metteur en scène ».
En conclusion, Télé Gaucho représente ce que le cinéma français peu faire de pire aujourd’hui. Absence de scénario, de mise en scène, de direction d’acteur, un film pendant le tournage duquel l’équipe a dû s’amuser mais qui ne présente sinon pas le moindre intérêt. À ignorer.
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