Dommage. Pourtant j'avais adoré le premier, mais dans ce nouvel opus, MacIntyre perd la fibre documentaire pour un propos intéressant, mais bien trop léger. Fini la voix off qui replaçait par des extraits documentés les propos choisis de notre Noonan. Fini le rythme effréné d'un documentaire blindé d'informations glandées durant des années, ici le "film" fait la part belle à l'image, particulièrement esthétique, installant une lenteur contemplative qui là encore, et cela malgré sa beauté, nuit au propos. Il ne reste que les interviews livrées brut, où l'on doit entendre qu'un seul son de cloche. Cette absence de contre nous fait croire, à l'inverse du premier, que l'on se trouve face à un plaidoyer unique de Noonan, attaquant le système judiciaire et la violence de la pauvreté de Manchester qui ensemble, obligent chaque truand à reproduire les mêmes erreurs, de père en s battus ou abandonnés, ils sont nombreux, nos criminels, à témoigner de la misère d'origine qu'ils ont fuient en admirant cette violence, parfaite pour se faire obéir et agir.
Une fois ce message saisi, il ne reste plus grand chose, hormis les quinze dernières minutes où l'action se réinstalle, contrant artificiellement le manque criant de propos documenté : preuve en est, on recycle trop souvent les images du premier documentaire en flashback, on abuse de la mise en scène (mention spécial pour le très mauvais démarrage nous rejouant les années de détention) avec musique classique grandiloquente et plan large symbolique sans aucun commentaire ou travail de contextualisation (rien que par une date ou une localisation !). Noonan semble de nouveau jouer son rôle, et McIntyre être simplement le porte micro, alors que le premier laissait Noonan parler, avant de montrer les différentes facettes du personnages via les événements et la presse.
Après cinq année en prison, il semblerait que MacIntyre se soit jeté trop rapidement au montage de son deuxième film, inquiet peut être de ne plus pouvoir surfer sur la vague de son excellent premier opus, désormais daté. Mais il se trompe, un bon documentaire vous marque, vous êtes appelé à l'acheter, le revoir, le partager, et être prêt à attendre encore plus pour un travail de qualité. Désormais décu, j'en viendrais même à douter de l'impartialité de MacIntyre, dont l'absence de propos laisserait même croire que celui ci se cache honteux de ne pas avoir fait son travail, cédant à l'esthétique.
Ne voyez donc pas ce second opus dont le seul intérêt est de connaître la suite de l'histoire. Je vous la donne maintenant pour vous éviter les 1h30 de mal à l'aise : oui son fils à suivi Noonan, dès sa libération, celui ci a été arrêté et condamné à 30 mois de prison. Noonan est consterné de voir son échec en temps que père mais n'arrive néanmoins pas à se ranger, travaillant, sous liberté conditionnel, à donner une image de marque à son entreprise de sécurité privée, dont le doc est désormais une bonne publicité.