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    Faust
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    WardStradlater
    WardStradlater

    53 abonnés 469 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 février 2013
    Je ne pensais pas qu'il était possible d'adapter - même librement - le Faust de Goethe. Mais Sokurov vient de prouver que si. Les corps qui se bloquent, la présence du Malin; mais aussi des dialogues franchement savoureux, des cadrages intimistes font de ce film une rareté dans le paysage cinématographique.
    Acidus
    Acidus

    718 abonnés 3 709 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 15 juillet 2012
    Sokurov réinvente la palpitante histoire de Faust pour en faire un film soporifique et insipide où la incompréhensible rivalise avec la simple médiocrité. Certains qualifieront "d'intelligent" ce scénario trouble aux propos parfois flous mais parfois claires pour un rendu relativement inintéressant. L'aspect décalé et torturé trouvera toutefois quelques amateurs. Il reste la photographie et la musique pour nous consoler...
    willyzacc
    willyzacc

    78 abonnés 1 544 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 20 juin 2012
    Je ne sais pas trop quoi penser de ce Faust. Une mise en scène superbe, un travail sur la forme et la lumière assez impressionnant. La découverte : Isolda Dychauk illumine l'écran à toutes ses apparitions..
    Je n'ai pas vraiment compris le message philosophique et tout les enjeux, mais ça viendra.
    ninilechat
    ninilechat

    71 abonnés 564 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 juin 2012
    Une variation -que dis je! un délire halluciné autour de Faust. Je l'ai vu à la première séance, le jour de sa sortie, sans avoir la moindre idée de ce que c'était. Juste en posant l'équation: Alexandr Sokurov Faust: ça, c'est pour moi. Go! Bien vu! Je suis sortie en délirant de bonheur avec l'impression d'avoir été, pour une fois..... au cinéma.
    De Faust, on retrouve tous les personnages, mais un peu dans le désordre: Wagner, Siebel, Valentin..... et Marguerite bien sûr, l'exquise Isolda Dychauk qu'on croirait descendue d'un tableau de Vermeer, visage rond, petite bouche gonflée et charnue, l'image même de l'innocence. Et la seule jolie chose que l'on puisse voir pendant ces deux heures quinze de projection..... car si le film commence par un ciel moutonneux à la Magritte, s'attarde sur une montagne au dessus d'une petite ville comme peinte par Breughel, la caméra zoome à toute vitesse vers le laboratoire sordide où Faust et son assistant Wagner se livrent à une autopsie des plus répugnante sur un cadavre déjà verdâtre.... Enchaîne sur l'hôpital où exerce le professeur Faust, le père du héros (avec de bien étranges méthodes). Une horreur! En effet, notre docteur Faust n'est pas très vieux. L'excellent Johannes Zeiler, (physiquement entre Gérard Depardieu et Ralph Fiennes), est un homme dans la force de l'âge. Mais seul, et désespéré. Désespéré de ne pas trouver une raison de croire à la vie. L'étrange Wagner (Georg Friedrich), lui, s'imagine trouver l'âme à travers ces peu ragoûtants charcutages au bistouri.
    La ville est sale, tortueuse, ses habitants grotesques. Personne ne filme comme ça maintenant! Sokurov va complètement à l'encontre du "bon goût" actuel, de l'élégance, de la modération. Ici, les mimiques sont exacerbées, comme au temps du muet. On se croirait revenus au temps d'Eisenstein, Dreyer, Murnau..... Sokurov ose tout.
    Les rats, énormes, grouillent partout. Mais la présence animale est omniprésente: corbeaux, chouettes....
    Avez vous déjà vu le Diable (Anton Adasinskiy) à poil? Ici, il se déshabille pour se plonger dans le cuveau des lavandières. Son corps est une sorte de sac boursouflé, déformé, il n'a "rien devant", comme le constatent avec horreur les jeunes femmes, mais porte à l'arrière une sorte de queue, comme des organes sexuels rabougris. Il a pourtant une amante, notre chère Hannah Schygulla, qu'on a vêtue d'invraisemblables toilettes....
    L'impression de fantastique est renforcée par l'emploi presque constant d'une déformation subtile, ou plus accentuée, de l'image. Les couleurs sont fausses: des gris glauques de la ville et de ses bas fonds, on passe à un vert passé, élimé, pisseux pour les scènes de plein air, celle en particulier où, dans un espèce de ravin encaissé, après l'enterrement de Valentin qui est le pivot du film, Faust tente de séduire Marguerite.
    Mais le décor le plus extravagant est le final, pour cette scène où Faust reprend sa liberté, c'est un interminable champ de lapiaz qu'il gravit, suivi de son mauvais génie, les arêtes se succédant aux arêtes, à perte de vue, c'est vraiment un décor d'enfer. On ne peut imaginer l'enfer autrement que comme cette désolation.
    A qui s'adresse ce film? Les amoureux classiques de Goethe tourneront de l'oeil dans les cinq premières minutes. Mais je crains que les jeunes gothiques n'y trouvent pas non plus leur compte, tant les dialogues sont obscurs, abscons.... ou philosophiques. Ça s'adresse à tous ceux qui aiment le cinéma autrement, le cinéma ailleurs, le cinéma comme art détaché de la vie, la création à l'état pur. Le cinéma qui ose tout quoi! Ne ratez pas ce moment là. Il ne reviendra pas de si tôt....
    belo28
    belo28

    68 abonnés 1 130 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 26 juin 2012
    C'est un film envoutant, d'une beauté visuelle éblouissante et d'une complexité rare! Car Sokurov ne fait pas qu'adapter le texte de Goethe, il le transforme, le modernise et le réinterprète. Derrière des dialogues très philosophiques entre deux acteurs exceptionnels le choix de laisser la plupart des éléments fantastiques hors de l'intrigue, la mise en scène et la symbolique entre en jeu nous permettant de mieux comprendre cet homme qui ne rêve désormais plus que de luxure! Une véritable envie de cinéma (distorsion de l'image, travelling compenser, détails dans l'image) et contrebalancé par un format presque carré qui aplati les personnages quand une telle histoire, une telle surenchère dans la forme aurait demander un cinémascope!
    JeffPage
    JeffPage

    39 abonnés 534 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 décembre 2012
    Sokurov conclut sa tétralogie sur le pouvoir avec une libre adaptation de Faust. Comme a son habitude, il signe un film visuellement magnifique (le fruit ici de la photographie de Bruno Delbonnel), rendant chaque image superbe. Mais le travail sur l'image ne s'arrête pas au couleur et au plan, il passe aussi par des effets sur l'image, rendant l'ensemble étrange et en accord parfait avec l'histoire. Les acteurs interprète leur rôle avec talent et on retiendra particulièrement l'interprète de méphistophélès qui semble véritablement vivre le rôle. Le scénario de son côté aborde cette histoire de façon étrange, ne faisant intervenir le pacte que dans les derniers minute laissant ainsi plus de place a la tentation de Faust. Au final, on a affaire à un film merveilleux, apogée du travail de Sokurov.
    PhilippeToile
    PhilippeToile

    43 abonnés 740 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 juin 2012
    Alexander Sokourov est un réalisateur totalement atypique, révélé en occident par “Le Soleil” qui nous brossait un portrait claustrophobe d’Hiro Hito. En revisitant le mythe de Faust dans une brisure complète du carcan littéraire de Goethe, il donne libre cours à tous ses fantasmes et ses obsessions. Son univers est peuplé d’êtres monstrueusement méphistophéliques, de décors crasseux verdâtres et de références picturales qui vont de Bruegel à Dante. Le résultat est un fatras indicible d’images choc ponctuées d’une avalanche verbale métaphysique qui met à l’épreuve la résistance du spectateur. Cette forme d’éructation cinématographique, pour passionnante qu’elle soit, ne parvient pas à trouver sa cohérence entre un néo-réalisme flamboyant et un onirisme transcendantal. Œuvre de révolte contre notre époque et de refus de toute modernité, comme en témoigne son choix de lumière et de format d’écran, le film de Sokourov est provoquant, agaçant, mais d’une incroyable richesse de réflexions.
    traversay1
    traversay1

    3 570 abonnés 4 860 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 22 juin 2012
    Avant de voir le dernier film d'Alexandre Sokourov, il faut s'y préparer psychologiquement. Vrai ou Faust ? Vrai, tout comme il serait hasardeux de tenter l'ascension de l'Everest, par la face nord, en tongs ! Faust est une oeuvre monumentale, escarpée et qui donne le vertige. Une oeuvre d'art autant qu'un film, qui aurait pu être signé Murnau, au temps du muet, à la différence près que le film de Sokourov est très, très bavard (trop). Visuellement, c'est une splendeur, mais pas d'un esthétisme chichiteux, c'est de la beauté brutale et viscérale (on en voit dès le début, d'ailleurs, des viscères). Le film agit progressivement comme un envoûtement des sens et l'on est prêt à suivre jusqu'en enfer le docteur Faust et le grotesque Méphisto. Comme le film ne manque pas d'humour (le célèbre pacte est bourré de fautes d'orthographe) et flirte durablement avec le fantastique, voire le gothique, dans un univers médiéval incarné de façon époustouflante, on est en admiration quasi constante devant ces images picturales en mouvement. Chapeau au directeur de la photo, le français Bruno Delbonnel (Dark Shadows, Amélie Poulain), qui accomplit des prodiges. Le danger serait de rester fasciné sans s'intéresser le moins du monde à l'intrigue. On peut perdre le fil dans sa lourde logorrhée mais on s'accroche au drôle de tandem formé par Faust et Méphisto, aux changements de décors et d'ambiance et l'on goûte l'apparition enchanteresse de Margarete. L'interprétation, soit dit en passant, est remarquable. Faust produit le même effet que Le cheval de Turin, en plus fort encore, et l'on imagine bien Goethe se repasser le film en boucle, là haut, qu'il soit au paradis ou en enfer, ce dernier lieu étant plus en phase avec la tonalité de cette montagne cinématographique.
    cylon86
    cylon86

    2 510 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 juillet 2012
    Surprenant à tout points de vue, cette version du texte de Goethe librement adapté par Sokourov est d'une grande ambition cinématographique. Faisant un travail particulier sur l'image (le format utilisé, les distorsions d'image) comme sur le son, le cinéaste réalise un film fascinant qui possède une véritable beauté plastique jusque dans le choix de ses lumières et de ses décors. Ici le peuple est assailli par la misère et Faust pousse son vice jusqu'au bout en signant un pacte avec le diable pour posséder une jeune fille. Faisant fi de quasiment tout élément fantastique, le scénario s'intéresse surtout à la relation perverse qui lie Faust à l'usurier, tous deux interprétés par des acteurs incroyables qui nous offrent de superbes scènes de discussion métaphysiques ou philosophiques. On aurait pu se faire chier mais non à part peut-être un peu sur la fin ce qui reste honorable pour un film d'une telle durée sur un sujet aussi difficile, l'ennui ne venant jamais grâce à une mise en scène toujours surprenante. Si ce film n'a pas changé notre vie comme l'a dit Darren Aronofsky, il est certainement un grand moment de pure beauté cinématographique.
    Appeal
    Appeal

    156 abonnés 569 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 6 août 2012
    Étonnant, déroutant, éprouvant : voila trois qualificatifs qui me sont venus à l'esprit au moment de me lever du siège. Faust, d'Alexandr Sokurov, est un film comme on en voit rarement, certes proche du cinéma d'un Tarkovski, mais aussi d'un Jeunet par exemple ; on est immédiatement happé par la beauté des images, la photographie est souvent belle, tout comme la bonne utilisation des filtres jaunes et verts, qui viennent appuyer et participer à l'ambiance volontairement malsaine et glauque de ce film ; ne connaissant pas la fiche technique du film, j'ai regardé par la suite sur internet et mes soupçons se sont confirmés : c'est bien le directeur de photographie de Jeunet qui a taffé sur ce film (Bruno Delbonnel). Et je lui tire mon chapeau encore une fois pour son travail qui donne toute son âme au film de Sokurov. Je saluerai aussi l'audace de la mise en scène : trash, osée, sexuée, constamment sombre parfois choquante, appuyée par des dialogues cyniques dans un allemand magnifique. On rit pas mal devant cette mise en scène directe mais toujours ironique. Mais voilà bien les seules qualités que je pourrai trouver à Faust. Le film du Russe s'avère très éprouvant : trop lent dans sa mise en scène (et long avec 2h15 de films) mais trop rapide dans ses dialogues, le scénario est souvent peu compréhensible, peut-être symbolique, mais on a l'impression de courir toujours derrière un train que l'on a raté. On décroche sur le fond, on s'accroche à la forme qui se révèle malgré toute sa splendeur souvent trop démonstrative et répétitive. Le côté fantastique est par ailleurs relativement mal exploité, les scènes s'apparentant aux rêves ou à la folie sont peu spectaculaires, et tout le blabla sur le corps et l'âme (qu'on ne suit déjà pas bien) s'avère peu passionnant. Déroutant c'est sûr, ce film est sans doute unique, reste qu'en achetant son billet on pacte avec le diable pour 2h15 éprouvante.
    lionelb30
    lionelb30

    436 abonnés 2 592 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 8 juillet 2012
    Oeuvre deconcertante, a la fois enervante et fascinante.Pas un seul personnage normal , ambiance et lumiere assez glauque.Hors normes.
    Robin M
    Robin M

    70 abonnés 283 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 22 juin 2012
    http://lecinemaduspectateur.wordpress.com/

    “Il y a des films qui vous changent pour toujours, Faust est l’un de ces films” disait Darren Aronofsky en remettant le Lion d’Or de la 68e Mostra de Venise à Alexander Sokurov. Comment être moins dithyrambique sur la travail d’un réalisateur. “Faust” devient alors un film immortel – Sokurov a laissé son empreinte sur le monde. Aronofsky a raison de rapprocher “Faust” de ces films qui vous changent. Ce film s’inscrit dans la lignée de ces films qui se voient au cinéma, mais qui se comprennent et surtout se savourent dans les méandres de notre pensée. Ce genre de films marque car nous avons en quelque sorte une deuxième projection, mentale celle-là, dans laquelle nous prenons ce qui nous a plu et oublions les moments d’incompréhension à la limite de l’ennui.

    Sokurov se place en défenseur du cinéma. C’est grâce à des films comme le sien que l’on comprend l’appellation de “7ème art”. Il fait partie de ces réalisateurs-peintres, dont le maître incontesté est la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion. “Faust” ne se regarde pas, il se contemple. Il suffit de voir la composition des plans de Sokurov. Chaque détail est à voir. Les lignes fuient, les objets racontent des histoires, les personnages se meuvent pour donner un esthétisme à ces corps. Mais contrairement à Campion, Sokurov ne trouve pas la beauté dans la beauté (rappel: la végétation omniprésente dans les films de Jane Campion – de “La Leçon de Piano” à “Bright Star”) mais dans le difforme, dans la misère. C’est un esthétique de la laideur, du grotesque. Méphistophélès devient le reflet d’un personnage de Todd Browning (“Freaks, la Monstrueuse parade” – 1936), croise le John Merrick de Lynch. Mais rien ne repousse le spectateur. La beauté du morbide a cette capacité d’envoûtement que le véritable beau ne possède pas ou rarement. C’est l’arrivée du personnage de Margarete qui apporte au film la lumière, la beauté. Sa beauté divine sera la ruine. Le beau engendrera le laid visuel, mais aussi spirituel (la désolation, la servitude).

    “Faust” est une oeuvre majeure pour une autre raison. C’est l’essence même du cinéma qui s’y trouve. Sokurov est le cinéaste de tous les genres qu’il mélange avec force pour former un nouveau genre, le sien. “Faust” n’est autre qu’une romane en costumes sur fond de fantastique avec une approche expérimentale du cinéma. Dans la veine des réalisateurs russes du cinéma muet tel Eisenstein, la force vient de l’image. Sokurov déforme ses plans comme pour nous montrer que son art vient d’ailleurs, que le mal touche même l’écran, tente d’en sortir. Les déformations changent notre perception de cette réalité dans laquelle nous devons croire. Et montre également que tout n’est qu’illusion, artifice. Et cela n’est-il pas le principe même du cinéma ?

    “Il y a des films qui vous changent pour toujours, Faust est l’un de ces films”.
    Don Keyser
    Don Keyser

    73 abonnés 1 641 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 1 mai 2012
    Doté de bons acteurs, "Faust" se perd dans un scénario complexe et peu captivant. La réalisation est seulement juste et la mise en scène n'est pas assez convainquante. Malgré de bonnes idées, l'ensemble du film est assez ennuyeux et donc peu intéressant.
    AlexTorrance
    AlexTorrance

    30 abonnés 486 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 août 2012
    Mon grand regret concernant l’œuvre cinématographique dédiée à Faust, c’était de n’avoir pu voir la version de Murnau avant celle de Sokurov. Après visionnage, cet état d’esprit aura changé, faute d’avoir vu ce qu’il a été fait de l’œuvre de Goethe, qui a plus servi d’inspiration qu’autre chose. Sans avancer que cette nouvelle version du mythe de Faust soit plus ou moins bonne que l’histoire originale, il est nécessaire de voir ce long-métrage comme un renouveau de cette fameuse légende allemande. Par ailleurs, la première chose susceptible d’impressionner le spectateur demeure l’extrême minutie de Sokurov qui emplit chaque décor, chaque costume, chaque personnage d’une infinie grâce. En clair, les premières secondes suffisent amplement à instaurer l’atmosphère poussiéreuse dans laquelle semble baigner cette Allemagne du 19e siècle, parfaitement mise en valeur par le style pictural d’Alexandr Sokurov, unique en son genre. Ainsi, comme on avait pu le voir dans (le moyen) Mère et fils, l’image se trouve toute distordue, laissant place à une anamorphose peu banale qui ferait presque office de signature pour le réalisateur russe. Les couleurs jouent, elles aussi, un rôle fondamental dans le style visuel de ce Faust, s’adaptant à chaque climat, chaque décor ou même chaque matière. Cependant, si le style visuel du long-métrage serait presque exempt de défauts, l’authenticité du mythe même est apte à décevoir certains d’entre nous. En effet, malgré le charme certain de cette fable réinventée, il n’est pas exagéré de montrer du doigt le manque de risques pris par Sokurov. En déplaise aux fervents lecteurs du livre de Goethe, il n’y a ici point de Nuit de Walpurgis, qui emportait alors l’œuvre à des sommets de folie, parfois même jusqu’à l’incompréhension la plus totale. Voilà le grand problème de ce nouveau Faust. Ce manque de mystique certain. Cette rationalisation de l’essentiel qui conduit le Dr Faust non pas à recevoir la visite du démon dans son humble demeure, mais à aller chez ce dernier, dans une cave miteuse aux allures nettement louches. De fait, toute la difficulté qu’implique une adaptation de Faust semble ici annihilée, laissant place à une simplicité scénaristique décevante qui conduit parfois à l’ennui. De plus, on peut aussi reprocher au fameux pacte, unissant Faust et Méphisto, d’arriver bien trop tard dans le récit, laissant ainsi une impression de vide dans une certaine partie du long-métrage. Bien entendu, précédemment, j’ai dit que cette récente adaptation devait être prise comme un renouveau de la légende. Avancer tout cela concernant les lacunes du scénario relèverait alors du paradoxe. Pourtant non, car c’est plus par dépit que par choix qu’il faut voir cette œuvre sous un jour nouveau. Outre toutes ces qualités et défauts, il semble indispensable de parler du moindre acteur du film, ou plus globalement du moindre personnage, chacun étant plus ou moins fidèles à leur homonyme du livre original. Commençons par le commencement, c’est à Faust lui-même que revient une grande part du mérite. Ou plutôt Johannes Zeiler. Empli d’une mélancolie débordante, l’insatisfaction de sa vie de scientifique laisse au long-métrage une acide saveur de désespoir qui demeure jusqu’à très belle scène finale. Tous ces sentiments, on les doit essentiellement à la mine inflexible qu’arbore Zeiler tout au long du film, ainsi qu’à l’immense sang-froid dont celui semble faire preuve. Bien entendu, qui dit Faust dit le Diable. Et c’est à Anton Adasinsky d’occuper la peau de ce Méphistophélès en terre glaise. Monstruosité originelle ici subsistée par un pathétisme sans nom, qui pousse davantage à faire de lui l’incarnation de tous les vices qu’il est. Cette identité malsaine et lamentable est d’autant plus accentuée que le démon trouve refuge en la personne d’un usurier fort peu recommandable. Au-delà de ces deux protagonistes, il ne faut pas oublier la présence de Margarete, dont l’interprète – Isolda Dychauk – recèle l’immense beauté difficilement définissable d’une actrice de muet. Si la déception qui résulte de la réinvention scénaristique de ce Faust n’a d’égal que l’extravagante surprise de se trouver face à une telle beauté visuelle, on peut aisément constater que l’inspiration d’Alexandr Sokurov, issue des écrits de Goethe, n’a cependant rien d’un mauvais spectacle.
    gemini-hell
    gemini-hell

    26 abonnés 395 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 21 juillet 2012
    « Faust », sous la houlette de Alexandr Sokurov, se révèle être pour le spectateur une expérience ardue ou la sensation d’étouffement prédomine. Esthétiquement, le film est magnifique mais il faut bien admettre que sa narration demande un effort de compréhension pas toujours récompensé. Et puis, il y a ce final, cette immersion aux Enfers tout simplement sidérante. Si tout le film avait été de cette inspiration …
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