Film d'auteur plus que d'horreur malgré l'avalanche de meurtres (finalement, seule la scène de karaoké sur du Michèle Torr est particulièrement éprouvante et difficilement soutenable !), "Dernière Séance" est avant tout un objet ultra-référentiel : "French Cancan", véritable personnage du film, mais aussi "Psychose" pour le côté névrotique, "Le Voyeur" pour le côté fétichiste, toute la filmo de Dario Argento et celle du De Palma des années 70, "Cinema Paradiso"... le tout baigné dans une atmosphère méchamment Nouvelle Vague (les acteurs déclament leur texte comme dans un film de Rohmer). On sent que Laurent Achard a bien révisé ses classiques, qu'il les connaît sur le bout des doigts. Le problème, c'est qu'on frise l'overdose et que, noyé dans cet océan de clins d'œil, le film peine à trouver son identité propre.
Alors, c'est sûr, les critiques vont être aux anges : je me mets à leur place, c'est un peu comme si on ouvrait une valise pleine de billets de banque devant un conseil d'administration. Le grand public, lui, n'aura jamais entendu parler du film et préfèrera retourner voir "Intouchables" pour la troisième fois. Quant aux fans de films de serial-killer, ils risquent de se faire chier comme des rats morts mais s'ils veulent voir du slasher made in France, ils n'ont pas trop le choix !
A moins de faire de très gros efforts pour rentrer dans son univers, Achard nous laisse vraiment à distance de son sujet. Il est très difficile en effet d'accompagner le héros (héros, façon de parler...) dans sa névrose (même si la prestation de Pascal Cervo n'est pas dégueu et qu'on peut être assez vite fasciné par son regard), les flash-backs deviennent rapidement superflus. De la même façon, la mise en scène pataude des meurtres fait de nous des spectateurs lointains, on ne ressent ni le frisson du chasseur, ni l'angoisse du gibier.
A force d'avoir le cul entre deux sièges de cinéma, "Dernière Séance" finit par nous faire tomber du nôtre. Dommage. Un film avec autant de (bonnes) références, s'il avait été un peu plus vivant et un peu moins maniéré, aurait pu faire une production de genre réussie. Et française, en plus, ce qui n'est pas donné à tout le monde !