Produire les Misérables, c'est s'attaquer à l'oeuvre emblématique de Victor Hugo, et sans nulle doute l'une des plus célèbres oeuvres littéraires françaises. Retour sur cette adaptation en comédie musicale de Tom Hooper.
Il m'est impossible de juger une adaptation sans la comparer à son oeuvre original. Et, en opposant le roman écrit en 5 tomes et le film qui le réduit en 2h30, on obtient un résultat décevant.
On ellipse bien vite des passages importants,
La liaison de Thénardier avec Marius est passée sous silence
on atténue les passages douloureux
La tonte de Fantine est devenue une coupe au carré et l'extraction de ses deux dents de devant est remplacé par les molaires arrières
et on développe peu et maladroitement les personnages.
Rendre les Thénardier drôles et attachants était déplacé.
.
Toutes les causes pour lesquels se battait le livre (Le travail des enfants, le système carcéral répressif, la misère...) ne trouvent pas leur unité dans le film qui semble n'avoir tenu compte que de l'émeute.
Nous n'en tirons dès lors, qu'une histoire indigne de l'oeuvre profondément engagée de Hugo qui offrait une description complète et crue des misérables.
Concernant la réalisation de l'oeuvre, le pari de la comédie musicale était osé et le rendu est inégal.
Si certaines chansons sont impressionnantes
A slave ou La chanson des barricades
, la plupart est tout simplement constituée de paroles déguisées en chanson qui n'apportent rien sinon un mal de crâne. Peut-être que le film aurait gagné en émotions et en contrastes en limitant les parties chantées ou en améliorant les paroles.
Bring him home, Empty chairs at Empty tables étaient vide de sens
Pour les décors et les costumes, ils sont acceptables quoique je me questionne encore sur leur nomination aux oscars.
Enfin, j'en arrive aux acteurs dont on félicitera l'effort d'avoir conservé la prononciation française.
Hugh Jackman en Jean Valjean est convaincant, le maquillage ressort bien sa métamorphose de bagnard en bourgeois, de sa jeunesse vers sa vieillesse. Sa voix fait partie des plus agréables du film.
Russel Crowe manque de justesse dans le personnage de Javert, aucunement représenté comme la justice froide et sans pitié. Il est de plus peu à l'aise dans le chant.
Anne Hathaway en Fantine incarne la femme séduite et abandonnée, forcée à se prostituer pour nourrir sa fille. Et elle le fait bien. Au chant, elle est appréciable. Sa nomination aux oscars est justifiée.
Amanda Seyfried en Cosette adulte, bien interprétée. Très belle voix mais mal servie par ses paroles trop gnangnan.
Eddie Redmayne en Marius, neutre. Il ne m'a ni séduit ni déçu. Sa voix en revanche est au niveau de Crowe, i.e. boule quies recommandés.
Helena Bonham Carte en Thénardier. L'actrice est toujours aussi gothique et excentrique. Son jeu est excellent bien que je critique le rendu des scénaristes des Thénardier dans ce film.
Sacha Baron Cohen en Thénardier. RAS.
Mention spéciale Samantha Barks (Eponine) qui a une très belle voix mais dont les paroles sont toutes aussi écoeurantes que celle de Cosette. Isabelle Allen (Cosette enfant) dont le jeu est remarquable pour son âge.
Je regrette qu'il n'ait pas trouvé mieux pour Gavroche que Daniel Huttlestone. L'acteur de l'enfant de Paris est détestable dans son ensemble et sa mort m'a a peine touché d'où ma seconde déception: Hugo avait déjà écrit les paroles de Gavroche fouillant les morts beaucoup plus touchantes que celle du film, pourquoi ne pas les avoir reprises?
Au final, un film dans l'ensemble moyen dont les multiples chansons ont été un point faible. (Un comble pour une comédie musicale
2,5 pour le panache. 0 pour l'échec.