Comme d'habitude les critiques n'ont rien compris, et si pas un ne fait le rapprochement avec l'oeuvre de Schonberg/Boubil (qu'ils n'ont pas vu soit), plus d'un se rapporte à l'oeuvre de Victor Hugo en avouant ne l'avoir pas même lu. En vérité c'est un contresens énorme que de jauger le film sur le livre, le film est d'abord fait pour les fans du musical, qui divise déjà pas mal la communauté Broadway/Londres, et n'a pas vocation autres que de servir de pièces montées à émotions. De ce côté là c'est une splendeur, et tout concours à une forme d'hystérie générale qui vire du grotesque au vraiment sublime. La mise en scène de Hooper est ici un point fort, on se croirait chez Kazan ou chez Huston dans les années 60, avec son lots de cadrages post wellsiens postmodernes à vocations jungiennes (je trouivais cet aspect complétement horrbile dans le discours d'un roi) la mise en image hyper expressive renforce l'aspect scénique, le côté fabriqué du film et renvoie pour une part à Bollywood. Le suicide de javert, la mort de ValJean, Fantine dans la rue, la scène des chandeliers, le nombres de scènes approximatives et ratées abondent. Paradoxalement le film s'en sort indemme, peut être parceque cette dépense au dépend de la narration participe d'une énergie totale, ce qui déjà, caractérisait assez bien la comédie musicale. Dépense jusqu'à ne plus avoir de sens, les Misérables n'économise rien, faisant feu de tout bois pour chauffer la marmite du spectacle. Ainsi jamais vous n'aurez vu au cinéma un égout aussi merdeux, ni des prostituées aussi affreusement grimées, ni autant de Vive la France et de drapeau tricolore alignées. Si les pauvres en prennent pour leur grade (même pas capable de se révolter), que les riches pas moins (Marius retourne chez son papa à l'oeil humide), que le film reste sans messages (la charité c'est quand même mieux que la Révolution), l'émotion juste, la ligne de chant parfaite (non tout le monde chante juste, avec plus ou moins de capacité à tenir les hauteurs, sur ce point la aussi le film est juste, rappeler que Jackman et Crowe sont acteurs avant d'être chanteur), n'empêche pas le film de flatuler comme un supporter de tennis de table, mais ces pets vulgaires (la peinture des Thénardier est encore plus déshumanisante que celle sur scène), prête à l'ensemble une tenue miraculeuse, entre rose bonbon tiède, émotion vive, vulgarité assumée, laideur et beauté confondu, un monstre sans doute trop vite emballé, qui a de l'nergie comme 30000 django unchained.