Moi qui suis en général un grand défenseur de notre chère critique cinéphile française, pour la première fois je vous conseille vivement de ne pas leur consacrer votre attention. Car en effet, descendre ce film de la manière dont ils l’ont fait n’est qu’une lamentable preuve de mauvaise foi, et surtout d’un rejet total face à une production anglophone s'attaquant à une oeuvre littéraire française, assez alarmant. Car dès que les Anglo-Saxons (car après qu'on m'ait fait la remarque le film est britannique et non pas Américain) s'attaquent à une oeuvre française, forcément les français s’offusquent. Bref après ce petit coup de gueule, passons au film. Vraiment dans son ensemble il n’est pas mauvais, mais il reste décevant car il peine à trouver un juste milieu en terme de qualité. J’entends par là qu’on a du très bon et du très mauvais et qu’à la longue cela devient fatiguant. Du côté des bonnes choses, j’ai été surpris de voir que le parti pris du film, c’est-à-dire d’être entièrement chanté, n’est au final pas aussi dérangeant qu’il ne le semblait sur le papier. D’autant plus qu’il y a une chose que j’aimerai préciser, c’est que le film n’est pas une comédie musicale. C’est un film chanté, et selon moi cela fait une différence énorme, car là ou les comédies musicales traditionnelles se lancent dans des chorégraphies un peu fantaisistes, Les Misérables reste très sérieux dans sa mise en scène « réaliste », ce qui fait l’une de ses forces évidentes. Tom Hooper avait bien compris cela, le côté musical du film est donc particulièrement réussi et ne devient jamais barbant. On saluera également la décision du distributeur français de ne diffuser le film qu’en version originale sous-titrée, qui préserve donc toutes les qualités du film. Autre point, ce sont les incroyables performances de Hugh Jackman et Rusell Crowe (ma préférence allant d’ailleurs vers lui) qui mélangent parfaitement actorat et chant. Et enfin les chansons, très bien écrites et bien orchestrées, dont trois assez marquantes (celle du début « Look Down« , la magnifique chanson de la petite Cosette « Castle on a Cloud« , et celle de la révolution « Red and Black« ) qui rythment parfaitement le film. Mais, et c’est un gros mais, le film a également d’énormes défauts qui sont difficilement pardonnables. Et ça commence par de très mauvais choix de mise en scène. En effet, Tom Hooper a semble-t-il légèrement oublié ce qu’étaient des plans larges, ou des plans d’ensemble et à la longue cela devient étouffant tout ces gros plans insistants. On regrettera aussi les moments où les protagonistes chantent seuls face caméra, sur des décors vides et sans aucune profondeur de champs, qui deviennent tout simplement longs et pénibles à regarder. En gros, si le projet semblait ambitieux, le résultat est loin de l’être à ce niveau là. Et enfin, et j’ai l’impression que je vais être un peu seul sur ce point là, mais bon sang la prestation d’Anne Hathaway est une énorme catastrophe! On pourra vraiment discuter de son utilité, et surtout elle passe ses 20 minutes de présence à l’écran à pleurer en servant un festival de grimaces ridicules qui m’ont plus faire rire qu’ému, en plus d’avoir un chant absolument insupportable. Bref s’il y avait une actrice à récompenser pour ce film c’était Amanda Seyfried, et pour le coup je me demande vraiment ce qui est passé par la tête de votants lorsqu’ils ont nommée Hathaway, que j’apprécie pourtant. En conclusion : Je sais pas si c’est fidèle à l’oeuvre d’Hugo ou pas, et à vrai dire je m’en cogne les oreilles avec des babouches parce que c’est adapté de la comédie musicale, mais j’ai vraiment passé un moment sympa. Si les choix de mise en scène de Tom Hooper sont assez catastrophiques parfois (notamment au niveau de la restitution à l’écran de la reconstitution de l’époque, et de ces foutus gros plans insupportables), et que la performance d’Hathaway frise le ridicule, le reste du casting est quant à lui vraiment convaincant. Le côté musical étant également maîtrisé, de façon à ne jamais devenir lassant ou ennuyeux, on se surprendra à finalement y prendre goût. Un spectacle, qui n’est certes pas phénoménal ou mémorable, mais qui se laisse agréablement regarder.