Simon, 12 ans, vit avec sa sœur dans une tour d’une vallée Suisse. Il fait vivre le duo en montant tous les matins dans une station huppée pour dérober skis, lunettes,… et les revendre dans la vallée. Sa sœur Louise, beaucoup plus âgée que lui et sans emploi, profite de ses larcins. Lui attend en retour un peu d’affection, mais leur relation est complexe et ambigu : une énigme pour le spectateur. L’intérêt primordial du film réside dans le décodage de cette relation. A mi parcours, la réalisatrice décide de nous livrer un élément crucial sur cette relation : un très lourd secret de famille. Le spectateur doit alors revoir totalement sa grille de lecture des rapports humains entre ces 2 personnages. Cette révélation est un moment troublant et fort du film.
Ce film traite des rapports humains et de l’impact de l’argent sur les rapports humains. Nouvelle vague du cinéma social, le propos est parfois froid et hermétique. Les personnages et le sujet sont mis à distance. Ce choix permet, par contre, de ne jamais tomber dans le pathos d’une histoire qui pourrait maladroitement tournée au glauque. Ursula Meier reste observatrice de son sujet et le sordide est évité.
A mon goût, elle s’attarde trop longuement dans le début du film sur des scènes répétitives de vols successifs. Elle aurait pu plus vite passer à la véritable problématique du film et gagner en efficacité.
En terme de réalisation, c’est de la nouvelle « nouvelle vague » de film social et qui mieux pour parler de sa mise en scène que la réalisatrice : "[C'est] un film réaliste mais aussi une fable (il n’y a pas de services sociaux, pas de flics, etc…). Notre volonté était de garder une forme de naturalisme pour le « haut », la station, le terrain de chasse de Simon en le suivant en plans très serrés sans jamais saisir le grandiose du paysage. Par contre en bas, dans la plaine, nous avons voulu casser le côté naturaliste, social, en allant à l’encontre de ce que l’on pouvait attendre : des plans larges – révélant les friches industrielles, la tour isolée, les routes, etc."
NB : En cours de film, je me suis dit que le jeune et excellent Kacey Mottet Klein ressemblait fort à Elmosnino. Et qu’apprends-je : c’est lui qui jouait Gainsbourg jeune dans « Gainsbourg : vie héroïque »