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    L'Enfant d'en Haut
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    Eloch
    Eloch

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    4,5
    Publiée le 22 mai 2013
    Il y a des films tous simples qui vous bouleversent ...

    Simon gravit les montagnes, seul, dans un téléphérique, il s'envole vers la station où se pressent les riches touristes venus profiter des joies de la neige, du ski et du luxe de la montagne aménagée par l'homme. Il a seulement 12 ans mais déjà il tente de subvenir à ses besoins en volant les vêtements sportifs et les skis des pensionnaires de la station puis il les revend à ses copains, en bas.
    Ce sont deux mondes qu'opposent ici Ursula Meier pour son deuxième film. Deux mondes que l'on pourrait résumer ainsi : le monde d'en bas, les oubliés et le monde d'en haut, ceux que servent, dans l'ombre et pour la plupart , ceux du monde d'en bas.

    Une ligne de téléphérique, un col de montage seulement suffit à les séparer. Quittant, dans les 10 premières minutes du film (on est centré sur Simon, en plans serrés) la station d'hiver, Simon redescend vers le bas, dans un rituel bien rodé, il range ses nouvelles affaires fraichement acquises dans un casier et dépose ses skis sur une luge, avant de rentrer chez lui, là où la neige se fait plus rare, là où le monde est plus étouffant mais où, choix esthétique intéressant, les plans s'élargissent pour laisser nos yeux observer les grands espaces enneigés.

    Au milieu de ce vide se dresse, presque irréelle, une tour HLM où Simon vit avec sa sœur (Léa Seydoux, étonnante et juste). Une sœur qui devient dépendante des larcins de son frère d'à peine 12 ans.

    Ursula Meier construit leur histoire entre complicités (ils vont découper un sapin pour noël en plein milieu de la nuit et de nulle part avec un couteau), haine (chacun est le « boulet » de l'autre à les entendre) et mensonge presque hallucinant, laissant sommeillé sa surprise et la révélant dans le dernier tiers du film.

    Dès lors, le film prend l'aspect d'un conte où Simon croise des personnages atypiques, à l'image de cette mère de famille anglaise auprès de laquelle il cherche de l'affection ou encore de cet hôtelier anglais, sorte d'ami burlesque venu de nulle part.

    Sans jamais porter de jugement sur ses personnages, ni livrer un discours moralisateur, la réalisatrice, fort prometteuse, nous livre un film à la fois beau esthétiquement (en particulier le plan des deux frères et sœurs, presque nus, en plan rapproché, avec les larmes douces et amères de Seydoux), bien écrit et servit par de très bons acteurs à l'image du petit Gainsbourg d'autrefois qu'interprétait Kacey Mott Klein et qui livre ici une grande performance, juste et mature.

    Le film fait réfléchir mais surtout bouleverse parce qu'il est simplement humain, sans pathos, simple et grand, il fait de petits êtres des grands sujets, ceux qu'on voudraient voir s'épanouir. Et quand on quitte ces deux là pour qui la relation se solde comme un rendez vous manqué (dernier magnifique plan du film), on se détache difficilement de l'écran et l'on se pose la même question éternelle, qu'arrivera-t-il quand aura fondue la neige, quand l'enfance sera passée ? Un beau film, grand par le cœur et le regard et éternel par le sujet, qui persistera tant que grandira ce monde coupé en deux.
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