Olivier Dahan, qui n’est pas un spécialiste de la comédie, semble s’inspirer des élans comiques des deux dernières réalisations de Danny Boon pour promouvoir une comédie footballistique tous publics promise avant sa sortie à un fort succès financier. La France et le football formant une histoire d’amour, l’on ajoute à cela, une autre belle histoire, l’amour de la France pour ses stars comiques. Si le rapprochement à bienvenu chez les Ch’tis ou encore rien à déclarer est évident, c’est parce qu’ici aussi, l’humour est grandement populaire, simple d’accès. Il y aussi cet élan français à confronter la France de la capitale, des gros sous et du succès à celle des extrémités, ici le Bretagne profonde, dépendante d’une conserverie à poissons, loin, très loin, de la vie de la capitale, des stades de foot et de la star système. Jean-Pierre Marielle incarne de ce fait l’archétype du vieux breton borné mais finalement plus malin qu’il en a l’air.
Débarque donc en Bretagne l’ami Patrick Orbéra, ancienne gloire du football sans le sous, en proie à un alcoolisme majeur et de gros soucis relationnels. Obligé de trouver un emploi stable en vue de se rapprocher de sa fille, il est parachuté coach d’une équipe de division lointaine engagée en coupe de France. Les enjeux pour la petite île bretonne étant définis, Orbéra s’attache les services de quelques anciennes gloire du foot, comme lui, tous perdus, tous détraqués mais tous qualifié pour le petit boulot qui leur est offert. Débarque alors en Bretagne une fine équipe de starlette en vue finalement de renflouer les comptes de la conserverie par le biais d’une qualification en coupe de France. L’on ne peut plus noble, en somme, alors qu’au final, tous seront concernés, à l’américaine, par la cause des citoyens du coin. Tout joli tout gentil.
Seul gros bémol, le football étant un sport collectif, ici, la cohésion entre les nombreux interprètes n’est pas franchement évidente. Tous, à l’exception de Joey Starr, sont des stars de la comédie française du moment et tous veulent tirer à eux la couverture. Gad Elmaleh, celui qui s’en tire le moins bien selon moi, en fait des caisses, étant tout sauf drôle. Il y aussi l’ami Dubosc, fidèle à lui-même, donc convenu. Omar Sy, maintenant en pleine notoriété, mal exploité ici ou encore Ramzy, à deux cent à l’heure dans son registre comique qui ne fait rire qu’une toute petite part du public. C’est finalement José Garcia, et s’était attendu, qui s’en tire le mieux, servant de trait d’union entre cette association de bras cassés. L’acteur prouve qu’il est un comédien de qualité, quoi qu’il fasse, qu’il soit associé ou non à d’autres vedettes. Son parcours est d’ailleurs ici le seul qui amène un brin d’interrogation.
Les seigneurs est donc finalement une comédie lourde, parfois drôle, qui ne prend pas le peine de construire des personnages mais qui nous en sert déjà tout cuits. En somme, si l’on déteste l’un des protagonistes, l’on n’évoluera pas d’un iota avant la fin des hostilités. Je soulignerai finalement qu’Olivier Dahan fait preuve d’imagination pour rapprocher le cinéma du monde du football, des étiquettes panini du générique de fin aux coupures de presse du générique d’entrée. Les matchs sont aussi un bel exemple d’une mise en scène maîtrisée. Amusant donc, pas franchement engageant, mais plutôt amusant, à l’image, là encore, du travail de Danny Boon qui n’a pourtant rien à voir avec les Seigneurs. 10/20