Les premiers mots du synopsis font état tout de suite que le personnage principal est une ancienne gloire du football, un retraité du sport de haut niveau qui a raté sa reconversion. Les premières images données par Olivier Dahan se font l’écho de ce début de synopsis en montrant Patrick Orbéra au faîte de sa gloire avant de disparaître dans la pénombre du tunnel qui mène aux vestiaires. Quelle belle entrée en matière, très symbolique de ces sportifs un temps adulés de tous avant de finir dans l’anonymat le plus complet. Dès lors, tous les espoirs sont permis pour "Les seigneurs". Hélas, les espoirs s’évanouissent au gré des incohérences. Certes "Les seigneurs" n’a d’autre volonté que celle de divertir : pas de morale, si ce n’est la condamnation des pressions exercées par les autorités quant à la rentabilité des entreprises, ces mêmes entreprises que certaines petites communes essaient de protéger tant bien que mal simplement pour garder le village vivant. Et pour y parvenir, tous les moyens possibles sont bons à saisir. Alors quand le club amateur local a la bonne idée de jouer les trouble-fêtes lors de la Coupe de France de football, pourquoi ne pas tout mettre en œuvre pour aller le plus loin possible dans la compétition ? D’autant que les éventuelles retombées économiques pourraient s’avérer salvatrices. Hé bien oui, le football est un sport hyper-médiatisé. Il faut dire que la machine est infernale : tout est fait pour déplacer les foules soit dans les stades, soit devant la télé. Résultat : les joueurs professionnels sont vénérés comme des dieux et les budgets sont colossaux, pour ne pas dire indécents. Toutefois, "Les seigneurs" n’est pas le film qui réconciliera les fâchés du football avec ce sport. Certes, un petit poucet qui parvient à aller loin, très loin (parfois même jusqu’à la finale) suscite l’admiration de tous et rassemble tout un peuple derrière. Mais là le souci vient du scénario : autant être cash, il a été écrit à la truelle. Bon je reconnais que je m’attendais à pire, quand même. Parce que les acteurs ont quand même su relever un peu le niveau du scénar plombé par des incohérences toutes aussi énormes les unes que les autres. Pour commencer, je doute qu’un club puisse se lancer dans un ersatz de mercato pour renforcer ses rangs. Ensuite, on s’affranchit du problème des licences. Et que dire de la permission de sortie accordée à l’un des personnages : elle n’aurait pas été un peu beaucoup oubliée ? Pour finir, on s’aperçoit que le sport est le médicament miracle pour se débarrasser de tous les vices, y compris les pires ! Moralité : en ce temps où le prix des clopes ne cesse d’augmenter, faites du foot !! Non mais sérieux…, je veux bien que le sport quel qu'il soit puisse aider, mais de là à tout résoudre comme un splendide coup de baguette magique… Bref ! Dans ce capharnaüm de défauts, on trouvera tout de même de bonnes choses qui sauvent le film du nanar complet. D’abord on ressent la bonne ambiance qui régnait sur le plateau de tournage. Et franchement, elle n’est pas loin d’être communicative. Dans tous les cas, les acteurs ont visiblement pris beaucoup de plaisir à se donner la réplique, sans vraiment se prendre au sérieux, et sans toutefois en faire de trop. Quoique j’ai un bémol sur Gad Elmaleh, certes excellent dans sa démarche mécanique inspirée par sa (attention, prononcez bien français) « play-station » périmée, mais qui en fait un personnage si névrosé par la dépression qu’il n’a rien à faire là. On se paie quand même quelques bonnes tranches de rire, comme quand on voit Ramzy continuer son footing après avoir pris son carburant, ou qu’il joue comme une bille. Tout cela pour dire que le charme opère quand même un minimum, et c’est principalement dû à l’énorme casting dans lequel Jean-Pierre Marielle, inattendu dans ce genre de film, se prête au jeu en apportant un formidable contraste à cette bande de fous furieux. Parmi les points positifs, notez que "Les seigneurs" a été tourné effectivement en Bretagne : ça se voit à l’architecture locale très reconnaissable. Et pour clore le chapitre des bons points, le film se conclue sur un générique à la mode des livres Panini dédiés au foot. En conclusion, "Les seigneurs" est un film bien pensé… mais très mal écrit.