"Ferdinand" est un film d'animation très mitigé dans l'ensemble. On sent dès le départ la patte "Toy Story", avec l'idée d'un enfant et d'un animal ensemble (idem que celui entre un jouet et son propriétaire) et le déracinement
(les jouets étaient perdus sans Andy, la fille est triste sans Ferdinand, qui est lui-même triste sans son père)
, mais il faut reconnaître que derrière le beau message "il ne faut pas se fier aux apparences" (tous les taureaux ne sont pas des brutes), le pitch demeure abusé sur la cohabitation entre un taureau mâle d'une tonne et une petite fille
(qui se font des câlins et dorment dans le même lit, qui doit être solide pour supporter le poids de Ferdinand!!!)
. On retrouve ce côté moyen durant toute la première heure, que ce soit au niveau de l'intrigue, oscillant entre l'acclimatation basique de Ferdinand de retour dans son environnement initial et quelques fulgurances intellectuelles
(le racisme social et la haine des autres dénoncés à travers les chevaux du bon côté de la barrière électrique, s'apparentant aux murs qui pullulent aux frontières)
, de l'humour, alternant entre le drôle
(au magasin de porcelaine, le running-gag du massage cardiaque sur le lapin, la séquence dansée délirante avec Booty Shake)
et le médiocre
(l'accent allemand des chevaux est ridicule)
, et des personnages bien inégaux, soit horripilant
(la pénible et surexcitée Lupe, le taureau aveugle lourd, l'ennemi cliché de Ferdinand)
, soit hilarants
(le taureau électrifié, les hérissons déjantés)
. Il faut alors attendre 1h avant que le scénario décolle vraiment et devienne jouissif, dès lors que le film part sur un truc excellent
à la "Chicken Run" (les passages à l'abattoir sont réussis et rappellent l'histoire des tourtes dans "Chicken Run")
puis rentre de plain pied dans sa thématique de la Corrida et de ce qu'elle implique, délivrant intelligemment un discours plein de sens sur le sujet
(la Corrida inversée est géniale)
. Enfin, côté animation, si Lupe, la fille ou les décors sont beaux et colorés, le design de Ferdinand est une catastrophe, ayant une tête et un cri de vache, des pattes trop maigres par rapport aux jarrets trop gros, un ventre qui touche quasiment le sol et une allure de lion ou de cheval. En bilan, "Ferdinand" est un film avec une lecture politique forte, hélas noyé dans sa première moitié au milieu de quelques lourdeurs, d'une histoire banale et de lenteurs. Heureusement, la seconde partie est plus aboutie, rythmée, forte et amusante. Gros bémol sur l'animation de Ferdinand!!!