Al, jeune ex-prolo en passe de tout réussir, renverse un passant en rentrant d'une soirée trop arrosée. Poussé par ses potes, il prend la fuite. A sa fenêtre, Juliette a tout vu, et cherche à le retrouver, tout en se liant d'amitié avec la femme de l'accidenté, jeune femme sans-papiers sous le choc.
3 mondes, c'est avant tout le plaisir un peu rare du bon petit film sans prétention, sérieux mais pas moralisateur, captivant sans être compliqué et ambitieux tout en restant dans une forme de modestie du travail bien fait. Ce n'est pas du Audiard, mais c'est du cinéma populaire et accessible, qui parle de sujets réels et qui en revient aux bases : une historie simple mais dramatique, des enjeux et de très bons acteurs bien dirigés.
Le pitch est un fait divers mais il résonne vrai. Catherine Corsini ne fait pas tout une histoire de la mise en place, et ne cherche pas à préserver ses effets. C'est bien la suite qui l'intéresse, et pas le fait divers en lui même. Et c'est là que le principe de croiser trois destins est habile, même si ce n'est pas follement original. Car chacun des trois protagonistes va évoluer, suivre une trajectoire différente, qui se croisent et s'entrechoquent.
Le coupable, le salaud, va s'avérer plus complexe que prévu. Pris dans la pression d'une vie remise sur les rails, il va se tordre de culpabilité, tenter d'acheter sa conscience, et bien évidemment dérailler.
La témoin est ballotée, sûre d'elle au début, puis de plus en plus perdue au fur et à mesure qu'elle plonge dans cette histoire dans ce rôle ambigu de porte parole entre les deux camps.
Et puis il y a la veuve, peut-être le personnage le plus intéressant. Un petit bout de femme que l'on voit à peine dans les premières minutes. Mais qui se révolte petit à petit, qui montre toute sa force et toute sa volonté. Scène incroyable où elle fait face aux médecins de l'hôpital réclamant de l'argent pour les organes de son mari défunt. L'argent , présent à chaque seconde au moment où chacun tente de recoller les morceaux. L'argent, qui, on le sait dès le départ, le résoudra évidemment rien. C'est un lieu commun un peu facile, mais la distance et l'intelligence avec lequel le film le traite en fait à nouveau un sujet passionnant.
Cela apporte un plus à un film qui décrit par ailleurs de manière une descente aux enfers, la chute sans fin d'un homme en perte de contrôle. Malgré quelques sorties de routes scénaristiques assez discutables, et quelques seconds rôles un peu faibles, le film de Catherine Corsinni est donc le bon exemple d'une forme de cinéma accessible sans être idiot. Qui prouve qu'il n'y a pas besoin d'inventer des pitchs qui défient l'imagination ou encore d'être un très grand metteur en scène, pour réussir un bon petit film.
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