Votre avis sur Ne me suis pas ?

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anonyme
Un visiteur
3,5
Publiée le 24 août 2013
'Ne me suis pas' fait malheureusement figure de ventre mou au sein de Dreileben. Après un film qui problématise avec une poésie magistrale le monde tel que vu par le cinéma, et avant un long métrage qui déstructure la nature même du septième art, ce segment réalisé par Dominik Graf ne comporte pas d'enjeu cinématographique fondamentalement révolutionnaire. L'ensemble demeure globalement plaisant car formellement très maîtrisé (les panoramiques interviennent à point nommé), mais le récit développé prête gentiment à sourire de naïveté. On y sent une certaine complaisance, un certain "pourlèchage", qui fait que ce film fait plus figure de graisse superflue, de bourrelet sur la peau juvénile du magnifique Dreileben. Le dénouement, bien qu'il arrive comme un cheveu sur la soupe, n'atteint pas la grâce embrassée par Christian Petzold et Christoph Hochhäusler. Néanmoins, le film de Graf conserve une beauté et une cohérence avec son sujet, si l'on met en perspective le manque apparent d'audace avec cette histoire, sombrement anecdotique, de fuites d'eau. En résumé, entre deux essais théoriques naturalistes, où le formalisme métaphorique se traduit par des expériences de montage visuelles et sonores, le film de Graf adopte un ancrage davantage réaliste : outre son scénario construit sur des événements anecdotiques d'un quotidien plutôt morne, le cinéaste place dans ses répliques quelques références à l'histoire du socialisme allemand (la RDA, les factions de l'Armée Rouge, le "reel socialism", etc.). Et de rappeler ainsi que Graf fait au final un film sur la place de l'homme au histoire : au sens large du terme, mais aussi à l'échelle du film, puisque, les histoires personnelles de chaque personnage s'entremêlant et s'entrechoquant, les confrontations semblent inévitables. L'on peut alors rendre au film d'éventuelles lettres de noblesse en supposant, effectivement, que Graf renoue avec le fondement même de tout mouvement qualifié abusivement de "nouvelle vague", dont l'ambition anti-esthétique et la revendication politisante sont de filmer la vie, le quotidien ordinaire, sans hiérarchie ni jugement de valeur. D'où peut-être l'intérêt majeur de centrer ce segment sur la psychologue, au lieu de l'inspecteur en charge du dossier, figure ultra-classique du cinéma policier : en refusant ce classicisme lié au genre, Graf parvient (péniblement, certes) à imbiber son film de politisme. Il s'agit donc bien, dans une mesure somme toute modeste, de donner l'image à une catégorie de protagonistes peu usuels au cinéma dans l'optique d'un cinéma réaliste, quasi-"social" (et visiblement éloigné des manières auteuristes des 2 autres cinéastes) : la psychologue visiblement déséquilibrée, l'écrivain raté... Dommage, néanmoins, que ces différentes anecdotes demeurent assez pénibles à regarder, tout du moins peu intéressantes.
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