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Un visiteur
4,5
Publiée le 6 novembre 2012
Les premiers plans figuratifs de Trompe-la-mort donnent un parfait avant-goût à Dreileben. Si le film est présenté comme une histoire policière, c'est bien une œuvre fondamentalement métaphorique que nous livre Christian Petzold. Ça passe avant tout par le hors-champ : les personnages ou même l'histoire ne peut pas exister en soi, en tant que telle, mais bien par son existence au monde (ce qui en fait un film typiquement anti-individualiste !). On pense à Godard, évidemment, dans cette utilisation "polynivelée" du hors-champ : le hors-champ est aussi bien peuplé de sons que de couleurs. Si le hors-champ ne peut pas exister sans champ, Petzold nous prouve que l'inverse ne peut qu'être vrai. Pas de champ sans hors-champ. Paradoxe, néanmoins : le film n'en est pas pour autant centrifuge. Dreileben est bien un objet clos sur lui-même, gravitant autour d'un cœur narratif, mais - pur retour au geste cinématographique - le cadrage ne reste qu'un geste de sélection, de coupe dans le réel. Aussi Petzold explose la fenêtre qu'il ouvre sur le monde pour la nourrir d'un extérieur fourmillant de bruits, de voix, de couleurs, d'idées... Trompe-la-mort constitue, avec Une minute d'obscurité, la part la plus brillamment et cruellement poétique de Dreileben, du cinéma allemand, même du cinéma contemporain.