Quand je serai petit est la deuxième réalisation de l'ex-Robin des bois Jean-Paul Rouve. Il change donc de registre par rapport à son premier film Sans arme, ni haine, ni violence (2008), biopic du gangster Spaggiari, en livrant une comédie dramatique familiale.
Lors d’un voyage en train, Jean-Paul Rouve s’est mis à imaginer "quelqu’un qui arrivait à la gare et qui, en apercevant un groupe d’enfants, se retrouvait totalement dans l’un d’entre eux", se souvient-il. Cette idée a enthousiasmé Benoît Graffin, son co-scénariste de Sans arme, ni haine, ni violence. Le titre du film est ensuite très vite venu, et les deux amis se sont lancés dans l'écriture d'un scénario nourri par leurs souvenirs personnels.
Pour que Quand je serai petit soit le plus réaliste possible, les deux scénaristes, Jean-Paul Rouve et Benoît Graffin, ont demandé l'avis d'un psychiatre sur leur scénario : "On voulait savoir si l’évolution psychologique et la construction du personnage principal étaient cohérentes avec son parcours. Il nous a dit que cela lui semblait plausible et réaliste", déclare Jean-Paul Rouve.
Quand je serai petit part d'un postulat étrange, presque fantastique, mais est finalement un film très réaliste. En effet, même si le personnage principal, Mathias, rencontre un petit garçon, également nommé Mathias, qui pourrait être lui jeune, "plusieurs détails ancrent le film dans la réalité, si bien que le spectateur y adhère totalement au fur et à mesure qu’avance l’intrigue", explique le scénariste Benoît Graffin, en continuant : "Il ne fallait pas que le film pose la question de la véracité. Sans cette problématique, la fiction devient plus forte". C'est pourquoi, tout au long du tournage, Jean-Paul Rouve répétait sans cesse : "C’est la vraie vie !"
Sur Quand je serai petit, Jean-Paul Rouve est à la fois scénariste, réalisateur et acteur. Cependant, le fait de se mettre en scène n'était pas quelque chose qu'il souhaitait absolument : "Ce sont ma productrice et mon coscénariste qui voulaient que je campe le personnage car ils sentaient que cette histoire me tenait vraiment à cœur", explique-t-il. Quant à sa fonction de réalisateur, il déclare : "Pour ce deuxième film, je me sens plus metteur en scène que sur le premier. Je ressens presque un début de légitimité, j’ose davantage, même si je le dis tout bas !"
Dans Quand je serai petit, Jean-Paul Rouve joue Mathias, un homme qui rencontre une version plus jeune de lui-même. Pour incarner ce jeune Mathias, "nous avions des contraintes physiques par rapport à ma physionomie d’adulte, puisqu’il fallait qu’il me ressemble", confie le scénariste/comédien/réalisateur. C'est le jeune Miljan Chatelain, aperçu dans Le Ruban blanc de Michael Haneke, qui a finalement été choisi.
Avec Quand je serai petit, Jean-Paul Rouve a eu l'occasion de diriger de jeunes acteurs. A ce propos, il déclare : "Je ne voulais pas donner l’impression que l’on s’adressait aux enfants de manière caricaturale", en poursuivant : "J’ai souvent demandé aux jeunes comédiens si les dialogues leur semblaient réalistes, et s’ils auraient pu parler de la sorte. Et quand c’était nécessaire, on n’a pas hésité à changer certaines répliques". Toujours dans cette quête de justesse, le réalisateur se souvient : "Pour les filmer, j’ai utilisé deux caméras que je prenais le temps de laisser tourner : quand les enfants exprimaient telle ou telle idée avec leurs mots à eux, je savais que je tenais le ton juste."
L'intrigue étonnante de Quand je serai petit permet à Benoît Poelvoorde d'incarner le père du personnage de Jean-Paul Rouve : "J’ai presque écrit le scénario en pensant à lui. Il est belge et je suis du Nord, et il y a une certaine alchimie entre nous qui fonctionne très bien. Je me sens de la même famille d’hommes que lui", explique Rouve. Quant à Benoît Poelvoorde, le film avait une résonance particulière pour lui, le comédien ayant perdu son père très jeune : "Quand il m’a proposé de jouer son père, j’ai trouvé que c’était un très beau cadeau et une magnifique preuve d’amitié de sa part. Il faut dire que j’ai été d’autant plus touché que j’ai moi-même perdu mon père à l’âge du personnage de Jean-Paul dans le film et que, du coup, j’ai repensé aux questions que j’aurais aimé lui poser."
Jean-Paul Rouve s'est entouré d'acteurs confirmés. Il a notamment réuni Miou-Miou et Claude Brasseur qui, selon lui, "incarnent tout un pan du cinéma français, d’autant plus qu’ils ont souvent tourné ensemble". Il a également fait appel à son ami Gilles Lellouche qui jouait déjà dans sa première réalisation (Sans arme, ni haine, ni violence) et avec qui il partageait des scènes comiques dans le Adèle Blanc-Sec de Luc Besson. Enfin, on retrouve également Xavier Beauvois, chose qui n'était pas acquise aux prémices du projet : "Au départ, je voulais avoir l’avis de Xavier Beauvois sur mon scénario : je le lui ai fait lire, et il m’a fait part de remarques précises très pertinentes. Puis, je me suis dit qu’il incarnerait parfaitement mon pote dans le film, et il a accepté le rôle", se souvient Jean-Paul Rouve.
Quand Jean-Paul Rouve a rencontré Miou-Miou, ils ont beaucoup parlé de leur rapport au passé : tandis que le premier a plutôt tendance à être nostalgique, la seconde ne s'inscrit clairement pas dans cette logique, chose qui collait parfaitement avec son rôle, même si Rouve "ne voulais pas la montrer négative, froide, distante et sans amour pour les autres, pour que l'on comprenne comment son personnage s’est construit et protégé au fil des années."