Pour son second long métrage en tant que réalisateur (le premier étant "Sans arme, ni haine, ni violence), l'ex-robin Jean-Paul Rouve nous propose un conte moderne flirtant, à sa manière, avec le domaine de la science-fiction. En effet, "Quand je serai petit" nous raconte l'histoire d'un homme de 40 ans qui croise et rencontre son "moi" de 10 ans... avec tout ce qui va avec : les similitudes physiques et frappantes entre sa famille et celle de l'enfant de 10 ans, les détails de vie de tous les protagonistes concernés et importants (à commencer par le personnage de Jean-Paul Rouve lui-même mais aussi celui de son père, de sa mère, de son beau-père,etc...)... les bons et mauvais souvenirs appartenant à la fois au passé et au présent...
Certains, ici, ont trouvé que le film avait du mal a démarrer... alors, oui, le film démarre lentement car notre bien-aimé réalisateur n'a, semble-t'il, pas voulu nous donner toutes les clés dès le départ...
Moi-même, j'ai mis un peu de temps à comprendre où celui-ci voulait nous emmener... mais si certains ont pu trouver le temps long, en ce qui me concerne, cela a plutôt éveillé ma curiosité et j'ai voulu en savoir plus petit à petit... me "délectant" de chaque petite progression du scénario !
On comprend au fur et à mesure des minutes qui défilent mais un tempo est instauré dès le départ... et comme il est bon de prendre le temps parfois ! Car c'est bien de cela dont on parle... le temps...
Le temps passé, le temps présent, les deux qui se croisent et les possibilités que cette rencontre amène : le temps qui se rattrape, le temps de comprendre...
Monsieur Rouve nous parle d'un homme qui cherche à mieux comprendre et accepter son propre passé à travers le présent d'un enfant identique en tous points à ce qu'il était... et ce, jusque dans les moindres détails... quoi de plus normal, dès lors, de faire avancer les choses progressivement plutôt que de tout nous envoyer à la figure en quelques minutes comme pour nous dire "débrouillez vous avec ça !".
Non, "Quand je serai petit" prend le temps qu'il faut pour poser les choses, ni plus ni moins et pour peu qu'on se laisse embarquer dans cette aventure hors du commun et plutôt inédite dans le paysage cinématographique français, on approuve cette manière de faire... ce qui a été mon cas !
Je suis amateur de cinéma... et dans tous les genres... j'aime quand un film d'action "envoie"... mais j'aime aussi qu'un film à tendance "psychologique" puisse être posé, calme, compréhensible... Car oui, ce film est tout à fait compréhensible, le scénario n'est pas "torturé" comme dans d'autres films jouant avec le temps... et j'ai envie de dire aux personnes ayant laissé une critique dans laquelle ils disaient n'avoir rien compris : il suffisait juste de poser votre portable, de ne pas laisser des posts sur facebook ou autre en même temps... et simplement suivre ce film avec attention.
Ensuite, avant de parler de la réalisation dans son ensemble, j'aimerai aussi dire aux personnes qui laissent des critiques du genre "un côté malsain à voir un homme traîner avec un gamin de 10 ans tout le long du film..."... non mais, franchement... vous avez l'esprit mal tourné ou torturé pour avoir perçu ce film comme ça ! A aucun moment je n'ai vu dans ce film un quelconque côté malsain... c'est l'histoire qui veut ça et on se rend bien compte, pour peu qu'on suive celle-ci, que le personnage incarné par Jean-Paul Rouve n'est pas du tout mal intentionné mais qu'il cherche à comprendre, à travers la vie de cet enfant, les choses ayant composé sa propre vie.
Donc... je reviens sur la forme...
La bande son tout d'abord... composée par Emilie Simon, elle reste sobre, discrète, humble... à l'image du film lui-même en fait et est donc très cohérente avec le reste.
La réalisation reste également sobre, on ne nous offre pas de plans extraordinaires... mais cela paraît logique compte tenu de la manière de raconter dans sa globalité.
Les prises de risques ne sont donc pas de la partie mais, pour ma part, je n'ai absolument pas ressenti ça comme un manque... là encore, la manière de filmer reste cohérente avec la manière de raconter.
La photographie reste, elle aussi, sur le plan de l'humilité... on ne nous offre pas de plan hyper coloré ou contrasté... ce qui ne veut pas dire que les images sont plates ! Non, la photographie est sur le même plan que le reste : sobre, simple, humble... elle n'est en aucun cas prétentieuse, ce qui, je crois, aurait un peu fait tâche compte tenu de l'ensemble.
Les acteurs livrent tous une performance très juste, les deux Mathias en tête... là encore, on ne surjoue pas, on reste simple...
Et finalement, tout cette simplicité contraste énormément avec le côté fictif du film, le côté "histoire extra-ordinaire"... Cette simplicité n'enlève rien au film et j'ai même envie de dire qu'elle renforce encore plus ce scénario très original en l'ancrant dans une certaine réalité... et tout ceci fait qu'on y croit, que la sauce prend réellement !
Le scénario justement... comme dit plus haut, il pose les choses progressivement mais semble être le fruit d'une longue réflexion de la part de notre réalisateur afin de bien amener les différents éléments qui le composent, l'un après l'autre, d'une manière très juste et qui fait qu'on comprend petit à petit.
C'est globalement bien écrit et globalement bien transcrit...
Alors, évidemment, on pourra toujours reprocher certaines choses... des scènes pas forcément utiles, par exemple... sauf que... sauf qu'à titre personnel, je pense que chaque scène a sa raison d'être, y compris lors des passages concernant la vie présente et la famille du personnage principal... en effet, ces scènes nous montrent "l'après"... ce qu'est devenu ce petit enfant, comment il s'en est bien sorti, finalement, malgré les douleurs du passé...
Bien sûr, ce film n'est pas parfait, surtout pour moi qui ne crois pas en la perfection... comme le disait une personne que j'ai connu : "la perfection n'existe pas, même le nom qui la définit est perfectible !"...
Non, il n'est pas parfait... mais il est agréable... et ce qui est plus agréable encore, c'est de s'apercevoir qu'on a encore des idées dignes d'intérêt au sein du cinéma français !
"Quand je serai petit" est donc, pour conclure, un film plutôt réussi dans son ensemble même s'il est certain qu'il ne plaira pas à tout le monde à une époque où les super-héros sont de retour... mais il en faut pour tous les goûts !