Encore un sublime long métrage signé Kinuyo Tanaka. Les critiques des spectateurs étaient plutôt bonnes mais assez mitigées, et une fois de plus je me suis pris une belle claque avec cette cinéaste décidément très attachante et éblouissante de talent.
C'est un film absolument remarquable dans sa mise en scène, son scénario et son interprétation, avec en premier lieu une exceptionnelle Chisako Hara, qui porte le long métrage à elle seule, même si elle est secondée d'une galerie d'excellents et surtout excellentes interprètes.
La Nuit des Femmes est un film à la facture classique, mais le fait qu'il ait été écrit et réalisé par des femmes change tout. Elles portent un regard sans fard sur la gent masculine et féminine de leur temps, sans enjoliver la réalité, mais en portant un regard d'espoir, même si celui-ci reste fragile. La vie est dure telle qu'elle est dépeinte par Tanaka, reflet de la réalité, mais en même temps elle ne verse pas dans le fatalisme, presque le déterminisme d'un Mizoguchi.
Chez Tanaka, les femmes se battent pour vivre, jusqu'au bout, envers et contre tout (et même toutes et tous). Elle donne une très belle image de la femme, digne, pugnace, libre... Sans occulter pour autant les défauts qui peuvent caractériser certaines femmes, particulièrement dures entre elles.
On peut dire que Tanaka peut reposer en paix après son parcours qui force le respect. Quelle femme ! Quelle artiste ! Son courage, son audace et sa finesse d'esprit me surprennent encore et toujours à chaque nouveau film que je découvre d'elle... Encore merci à Carlotta et à toutes les personnes qui ont pris part à ce projet de réhabilitation et de promotion de Kinuyo Tanaka. C'est tout simplement une cinéaste majeure qu'il était urgent de faire connaître.