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traversay1
3 638 abonnés
4 875 critiques
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3,5
Publiée le 15 février 2022
Le cinquième et avant-dernier film dirigé par Kinuyo Tanaka a pour objet le sort des anciennes prostituées, après la fermeture des maisons closes. Un parcours de vie qui passe par une réhabilitation et un nouveau travail mais qui n'est pas aisé comme le montre le cheminement de Kinuyo, l'héroïne du long-métrage, sans cesse rappelée à son passé honteux. Le scénario, signé Sumie Tanaka (sans relation familiale avec la réalisatrice), qui a beaucoup collaboré avec Mikio Naruse, n'est pas exempt de "facilités" dans un registre mélodramatique convenu mais Kinuyo Tanaka transcende le sujet par la qualité de sa mise en scène et surtout son attention apportée à la direction d'actrices. La fin de La nuit des femmes est amère mais moins pessimiste que celle du roman dont le film est adapté.
Un film fort et poignant sur le triste destin d'une de ces femmes que la vie a brisée. Le film démarre lentement jusqu'au portrait fragile de cette jeune femme dont on suit la réinsertion. Elle-même ne sait si elle pourra revivre normalement et son courage est exemplaire jusqu'à cette fin qui nous émeut. Encore un film superbe de Tanaka.
L'action se situe après la fermeture des maisons closes par le gouvernement. Elle détaille le parcours des anciennes prostituées qui se retrouvent sans travail. Dans leurs tentatives pour retrouver un emploi, elle sont souvent rattrapées par leur passé que la société bien pensante ne veut pas accepter, les condamnant à un retour dans les centres de réinsertion ou pour les plus faibles à la prostitution clandestine. Le film suit plus particulièrement le parcours de l'une d'entre elle. Filme en scope noir et blanc, c'est le cinquième de Kinuyo Tanaka en tant que réalisatrice. La photo est ici remarquable ( peut-être le film de Tanaka le plus réussi sur ce point) la réalisation est aussi remarquable mais on regrettera un peu certains aspects du scénario qui comporte à certains moments des défauts d'équilibre entre les personnages). Il est vraisemblable que Tanaka par le choix du thème abordé ici, voulu rendre hommage à des femmes qu'elle avait incarnées fréquemment à l'écran. Rappelons que la star japonaise aux 250 films en tant qu'actrice, voulu, la quarantaine passée devenir aussi réalisatrice. Elle compléta sa connaissance du métier aux côtés de Mikio Naruse ( dont son cinéma est le plus proche) qu'elle assista sur les plateaux de tournage pendant un peu plus d'un an. Elle fût à la fin de sa nouvelle formation, légitimée par la plupart des grands réalisateurs japonais de l'époque. Ainsi, ils signèrent une lettre de recommandation, pour attester de ses compétences auprès de la direction des studios de production. Notons pour la petite histoire que Mizoguchi avec lequel elle tourna quinze fois refusa d'apposer son nom au viatique. Il semble que le refus de Tanaka de "céder au charisme " du réalisateur ne fût pas pour rien dans ce manque de soutien. Aujourd'hui l'importance qu'a eu la réalisatrice / actrice, dans le cinéma japonais n'est pas oublié : un musée lui est consacré et un prix prestigieux qui porte son nom est accordé à une actrice chaque année.
A travers le parcours chaotique de Kuniko, la réalisatrice livre un véritable plaidoyer pour la réinsertion des prostituées et leur acceptation dans la société. Un plaidoyer d'autant plus intelligent que le rejet vient sans cesse des femmes. Et malheureusement, ce combat est toujours d'actualité, même en France...
Encore un sublime long métrage signé Kinuyo Tanaka. Les critiques des spectateurs étaient plutôt bonnes mais assez mitigées, et une fois de plus je me suis pris une belle claque avec cette cinéaste décidément très attachante et éblouissante de talent.
C'est un film absolument remarquable dans sa mise en scène, son scénario et son interprétation, avec en premier lieu une exceptionnelle Chisako Hara, qui porte le long métrage à elle seule, même si elle est secondée d'une galerie d'excellents et surtout excellentes interprètes.
La Nuit des Femmes est un film à la facture classique, mais le fait qu'il ait été écrit et réalisé par des femmes change tout. Elles portent un regard sans fard sur la gent masculine et féminine de leur temps, sans enjoliver la réalité, mais en portant un regard d'espoir, même si celui-ci reste fragile. La vie est dure telle qu'elle est dépeinte par Tanaka, reflet de la réalité, mais en même temps elle ne verse pas dans le fatalisme, presque le déterminisme d'un Mizoguchi.
Chez Tanaka, les femmes se battent pour vivre, jusqu'au bout, envers et contre tout (et même toutes et tous). Elle donne une très belle image de la femme, digne, pugnace, libre... Sans occulter pour autant les défauts qui peuvent caractériser certaines femmes, particulièrement dures entre elles.
On peut dire que Tanaka peut reposer en paix après son parcours qui force le respect. Quelle femme ! Quelle artiste ! Son courage, son audace et sa finesse d'esprit me surprennent encore et toujours à chaque nouveau film que je découvre d'elle... Encore merci à Carlotta et à toutes les personnes qui ont pris part à ce projet de réhabilitation et de promotion de Kinuyo Tanaka. C'est tout simplement une cinéaste majeure qu'il était urgent de faire connaître.
Le parcours cruel et poignant d’une ancienne prostituée souhaitant se réhabiliter, mais se retrouvant prisonnière d’un passé qui la rattrape sans cesse, filmé dans un N&B sublime, et porté par l’interprétation émouvante d’Hisako Hara.
Cinquième film de Kinuyo Tanaka. Mon deuxième film préféré après « Maternité éternelle ».
J'ai été sensible au sort de Kuniko. Alpaguée par la loi suite à la fermeture des maisons closes, Kuniko se retrouve en maison de redressement ou de réinsertion.
Elle va vivre un parcours chaotique de bonne à tout faire dans une épicerie à apprentie pépiniériste en passant par ouvrière. A chaque étape de sa réinsertion, on lui rappellera son passé. Un passé collé à la peau et ce n’est pas une expression, elle est vraiment marquée. spoiler: Une immatriculation signifie qu’elle a appartenu à une organisation de prostitution.
Si la forme, sans mauvais jeu de mots, est un peu datée, une nouvelle fois, le fond est intemporel. Globalement, « La nuit des femmes » peut faire encore écho aujourd'hui.
Kinuyo Tanaka revient au noir et blanc après son premier film en couleur « La princesse errante » ; et son noir et blanc n'est jamais agressif comparé à son récit qui est rude.
Une nouvelle fois, la réalisatrice ne porte aucun jugement sur ces femmes, mieux, on y décèle de la compassion. Elle décrit tout simplement la nature humaine, une nature à double face : l'une bienveillante, l'autre malveillante. Ce n'est pas propre au Japon, c'est la nature humaine qui est ainsi.
La dernière séquence me renvoie à un épisode de James Bond avec Sean Connery. L'agent 007 avait pour mission de fréquenter une femme pêcheur, une ama plus précisément. Dommage que Kinuyo Tanaka ne se soit pas attardée sur ce métier pénible et insolite. Il y avait certainement d'autres portraits de femmes intéressants à découvrir dans ce milieu marin.
Un autre film admirable de Kinuyo Tanaka, qui aborde frontalement le sort réservé aux prostituées après les lois de la fin des années 50 rendant illégale toute prostitution au Japon. Malgré les efforts de Kuniko pour échapper à sa condition, son passé se heurte au conservatisme de la société morale et bien pensante, peu encline à pardonner, que ce soit dans le monde du travail ou dans la sphère familiale. La cinéaste - issue du cinéma nippon de l'âge d'or - n'hésite pas à montrer crument certains comportements, dont le réalisme sera l'apanage de la nouvelle vague des années 60, d'Imamura à Oshima. On pense notamment à la scène où la jeune héroïne, décidée à se débarrasser de garçons insistants, s'assied les jambes écartées, les sommant de cueillir ce qu'ils sont venus chercher, provoquant pourtant leur fuite face à tant de résignation.