Replaçons d'abord les choses dans leur contexte. Le 'Maniac' de Franck Khalfoun aurait pu n'être qu'un remake de plus, le énième produit d'un cinéma d'horreur en pleine phase moribonde. Les nouvelles recettes – le found footage, par exemple – s'essoufflant à force d'être surexploitées, et les rares belles œuvres sorties au cours des cinq dernières années ne suffisant pas à prouver la vitalité du genre, le cinéma d'horreur a véritablement paru en crise. C'est la conclusion à laquelle nous ramènent les nombreux remakes qui se sont enchaînés, de 'Vendredi 13' aux 'Griffes de la Nuit', densifiant un peu plus à chaque fois le sentiment d'assèchement. Le genre s'est réduit à citer et revisiter ses œuvres les plus glorieuses, comme s'il tournait désormais à vide. Mais ce 'Maniac' sort véritablement du gros de la production, pour des raisons comparables à celles qui ont fait de la version de 'La Colline a des Yeux' d'Alexandre Aja, en 2005, un film remarquable. Il appartient plus au registre de l'hommage. Hommage à son illustre prédécesseur, bien entendu, le 'Maniac' de William Lustig, un film si monstrueux, si sauvage et si profondément malsain que Didier Allouch a pu écrire, rétrospectivement, dans 'Mad Movies' en 1996, qu'il était "un des films les plus durs jamais faits". Le mot n'était pas exagéré : 'Maniac' est, au même titre que 'Massacre à la tronçonneuse' ou 'Zombie', une date marquante de l'histoire du genre. Réalisé en 1980, il concluait une décennie où le cinéma d'horreur, tant américain qu'italien, s'était voulu extrêmement dur, violent, agressif : de 'La Dernière maison sur la gauche' (Wes Craven, 1972) à 'Anthropophagous' (Joe d'Amato, 1979), les cinéastes ne faisaient aucune concession, et annonçaient des réalisations aussi extrêmes. Le défi n'en était que plus grand pour Franck Khalfoun, et son mérite n'en est que plus authentique : son film demeure respectueux de son modèle tout en osant d'autres cadrages, d'autres mises en scène... Il modernise aussi son propos, et Khalfoun soigne certains plans mieux que Lustig n'avait pu le faire. Les amateurs du premier film sourient en retrouvant leurs repères tout en découvrant un nouveau film.
Hommage, aussi, au genre auquel il appartient, puisque Khalfoun (et Aja à ses côtés) joue la connivence, glissant des références en forme de clins d'œil explicites ('Le Cabinet du docteur Caligari', Robert Wiene, 1920) ou plus subtils ('Le Silence des Agneaux', Jonathan Demme, 1991). Tout cela fait de ce 'Maniac' l'œuvre d'un disciple enthousiaste et inspiré, qui n'évince pas son illustre ancêtre mais révèle plutôt à quel point cet ancêtre, en son temps, était déjà d'une force visuelle et psychologique hors du commun.