Après Piranha 3D, Alexandre Aja retrouve son fidèle co-scénariste Grégory Levasseur pour signer le script de Maniac, d’après le film éponyme de 1980 réalisé par William Lustig et écrit par Joe Spinell qui jouait le rôle principal. Ce remake est signée Franck Khalfoun, (réalisateur de 2e sous-sol, déjà co-écrit avec le duo) et porté par un certain Elijah Wood. Ce film est également le premier film d’horreur sorti de cette année 2013 en France.
First Person Slasher
Le réalisateur Franck Khalfoun ne voulait pas réalisé un remake classique mais bien proposé une relecture moderne, “inventrice et novatrice", si bien qu’il a décidé de filmer Maniac en vue subjective, c’est-à-dire avec le point de vue du serial killer. La caméra devient les yeux de Frank Zito, ce procédé permet au spectateur d’être en totale immersion, on assiste impuissants à ce spectacle d’une violence extrême mais l’auteur de ses actes lui s’en ait déjà accommodé avant nous. Ça aurait pu être une démarche casse-gueule mais force est de constater que procédé est terriblement efficace et très bien maîtrisé et qui heureusement évite le plan-séquence d’1h30 qui aurait été vite lassant.
Inglourious Killer
Frank Zitoest un tueur en série, mais pas n’importe lequel. On comprend dès le début que ses cibles favorites sont les femmes, il s’arrange pour savoir où elles habitent ou les suit tous simplement pour sauvagement les assassiner dans un lieu où elles croyaient être tranquilles. Cependant il a un modus operandi bien à lui : après avoir tué ses victimes, non il ne les ligotent pas sur une table complètement nues, il les scalpent ! Cette façon de faire n’est pas s’en rappeler le personnage d’Aldo Raine dans Inglourious Basterds qui avec son commando juif scalpait du nazi en guise de vengeance. Bon ici rien ne nous permet de définir s’il scalpe de la juive ou de la germanique, juste des femmes car il est obsédé par leurs cheveux qu’ils conserve pour les agrafer à des têtes de mannequins disposés dans sa boutique.
The Desolation of Elijah
Elijah Wood jouait déjà un serial killer du nom de Kevin dans Sin City, thriller néo-noir prodigieux. Dans Maniac, il se nomme Frank Zito, est propriétaire d’une boutique de mannequins qu’il habille avec les vêtements et cheveux de ses victimes. Il s’agit d’un tueur psychopathe éprouvant une fascination morbide pour ses figures inanimées une fois qu’il les a confectionné comme il le souhaitait. Il n’éprouve cependant pas de réelles jouissances en commettant ses crimes, on décèle des crises d’angoisse qui ne peuvent qu’être réglées que par la prise de médicaments, ou encore des blâmesexprimés à son "passager noir" qui agirait sans se référer à lui. Le film se conclut par un spectacle gore assez impressionnant, confirmant le protagoniste comme un être paranoïaque en proie aux hallucinations, ainsi qu’à la destinée aussi fatale que le héros grec Orphée.
Au final, l’utilisation de la caméra subjective se révèle être une idée bien pensée car au final saisissante, les scènes de meurtres sont aussi gores que maîtrisées, sans mentir elles sont terrifiantes de réalisme et on a l’impression qu’il s’agit d’un snuff movie à 6 millions de dollars ! Elijah Wood exerce sa reconversion avec brio en livrant une excellente prestation de se tueur en série à l’apparence anodine mais au regard perçant, aux pensées troubles et malsaines. On regrette que le script ne soit pas absent de prévisibilité et d’invraisemblance. Indigent, il entache sérieusement le film qui aurait sincèrement pu devenir une référence du genre.