Décidément, il est difficile de cerner un cinéaste tel qu'Olivier Assayas. Capable de signer un des pires navets qui soit (« Demonlover »), mais particulièrement inspiré dernièrement (« L'Heure d'été », « Carlos »), voilà que le réalisateur retombe lourdement dans ses travers, alors qu'il y avait pourtant tout pour faire un bon film. L'après 68, la jeunesse, l'amour, la liberté, l'engagement, la solitude, la tristesse, la déception : il était ambitieux de traiter tous ces sujets en une seule œuvre, encore faudrait-il le faire bien. Car à force de vouloir parler de tout, Assayas ne parle de rien. Encore « Après Mai » serait court, mais pensez-vous ! Probablement le metteur en scène voulait nous offrir des « morceaux de vie », mais à force de s'égarer dans des détails sans intérêt ou d'opter pour un montage franchement discutable, le film perd toute force, toute ampleur, peu aidé par des personnages très décevants et des acteurs touchés par le syndrome « rohmerien » (même Lola Creton, pourtant si délicieuse dans « Un amour de jeunesse »). Il y a bien, à l'occasion, quelques jolis moments, inspirés, laissant entrevoir ce qu'aurait pu être l'entreprise sans toutes ces poses « auteuristes » ennuyeuses et prétentieuses, mais elles sont bien insuffisantes, et c'est en définitive impatient que l'on attend de voir apparaître le générique, conscient d'être totalement passé à côté de quelque chose de marquant. Et si on pourra se consoler avec une remarquable bande-originale (Syd Barrett, Nick Drake, Kevin Ayers), nul doute que la jeunesse est décidément un sujet difficile à traiter, et ce n'est pas cet assez piteux essai qui viendra me faire changer d'avis.