Déjà on s'assoit car l'énoncé du casting a de quoi faire tourner de l'œil : Bradley Cooper, Zoe Saldana, Jeremy Irons, Dennis Quaid, Olivia Wilde, Ben Barnes, Nora Arnezeder, J.K. Simmons, Zeljko Ivanek et j'en oublie sûrement...
Avec tout ce beau monde comment expliquer que "The Words" arrive chez nous en DTV près de 3 ans après sa sortie ? Le pitch est pourtant intriguant : un auteur à succès fait une lecture publique de son best-seller dont le sujet est un écrivain raté qui s'approprie le manuscrit d'un autre.
Alors pourquoi ? Et bien, parce que c'est un semi-réussite (ou un semi-ratage, c'est selon). Le long-métrage a plein de choses à dire sur l'éternelle remise en question d'un écrivain pour produire une oeuvre qui comptera mais rien qui n'ait déjà été traité, et de meilleure manière, auparavant. Pire, cette mise en abîme des points de vue des différents protagonistes ( l'auteur à succès, son personnage et enfin l'histoire de l'écrivain dépouillé de son œuvre) sent la fausse bonne idée tout au long du film, ça aurait pu donner une sorte d'Inception littéraire mais la manœuvre est trop souvent maladroite pour que l'on puisse y croire vraiment. Et si celle du personnage principal voleur de manuscrit (Bradley Cooper) captive, les deux autres vont venir constamment la parasiter. La première entre le narrateur Dennis Quaid et Olivia Wilde sonne désespérément creuse et n'est là que pour justifier une fin plutôt maligne et ouverte. La seconde qui intervient au milieu du film et qui raconte l'histoire de l'écrivain volé semble interminable, Ben Barnes et Nora Arnezeder ne sont pas mauvais, mais leur histoire d'amour n'est qu'une enfilade de clichés romanesques sur fond de Seconde Guerre Mondiale et ne suscite pas la moindre émotion (sauf la scène, magnifique, où il la revoit), il faut dire qu'ils ne sont pas aidés par des choix esthétiques assez contestables (beurk, ces filtres, on se croirait dans un flashback de la série Cold Case!). C'est bien simple dès qu'on se retrouve confronter à l'un de ces deux segments, on prie pour revenir très vite au principal qui lui est illuminé par la présence du couple Bradley Cooper/Zoe Saldana, la bonne idée de ce film. Lui, rongé par la culpabilité du succès pour une œuvre qui n'est pas la sienne et qui met peu à peu en lumière tous les non-dits de son couple, et, elle, qui s'est toujours tenue à ses côtés, inconsolable d'avoir pu être ainsi trompée. Leur duo est une de ces étincelles qui fait qu'on aurait tellement aimé adorer "The Words", œuvre réellement ambitieuse mais handicapée de tellement de maladresses.