Bien, il est vrai que c'est un film au format économique : scénario & réalisation = 1 personne. Cela peut accentuer toutes maladresses. Ce n'est pas le plus important. Ce film clair, lumineux, coloré prend un pari osé : 1/ casting de septuagénaires, un très bon casting 2/ dépeindre la détresse de 2 septuagénaires, forcément un peu seuls à cette étape avancée. L'amour est mal exprimé. On applaudit cependant les bases originales. Maintenant, le traitement. Annette B. est froide, perturbée jusqu'à ne pas avancer ou répondre immédiatement à ses désirs ou envies, emmurée on va le découvrir (à la fin) jusqu'à une presque folie. Maintenant, quelles sont les maladresses ou faiblesses du film ? Une série de questions : Pourquoi, oui pourquoi refuse-t-elle de faire allusion à la ressemblance entre son ex, et son nouveau ? C'est un artifice qui n'apporte rien à la valeur du film, il complique et alambique ce qui autrement serait un meilleur film ! Il existe plusieurs façons d'indiquer qu'elle est en proie à une confusion. Celle-ci rend le film stérile dans une partie de cache-cache sans aucun intérêt avec une romance, un drame, ou une quelconque dérive. Quant à lui : pourquoi ne dit-il rien de sa véritable situation et fin proche ? POURQUOI ces mystères inutiles ? Pourquoi se séparer sur un simple malentendu, au lieu de s'accompagner de façon heureuse (et naturelle, ils s'adorent) jusqu'à une disparition de l'un ?
Ce film est rempli de faux mystères créés inutilement, et qui alourdissent un film qui autrement aurait pu devenir un exemple, un pari gagnant. Un autre exemple : Robin Williams. On aurait été heureux de le voir une fois encore. Hop ! Privés de ça !! Il se cantonne à jouer le rôle du gentil voisin, qui ... descend les poubelles. J'aurai eu envie de me fâcher sur ce choix aussi maladroit du réalisateur. C'est une frustration réelle, non réparable d'avoir gâché pareil talent, à cette étape de sa vie. Bon, maintenant, l'ambiance. Là, ça se gâte énormément. Annette monopolise l'essentiel du film. On ne lui attribue que peu de charisme, très peu de répliques émouvantes, elle reste donc terne, froide le plus souvent, coincée. Ed Harris doit quasiment la violenter et la prendre d'assaut (par deux fois) pour la sortir de sa torpeur, lui assèner une déclaration d'amour, un besoin. Ce sont d'ailleurs les seuls moments "vivants", ou s'exprime un naturel presque crédible du comportement autrement figé et réduit à l'extrême des rôles. Oui, ces personnages souffrent. Mais même aux meilleurs instants de leur bonheur, ils souffriront encore davantage qu'en étant seuls, isolés l'un de l'autre. Ils trouvent toujours de quoi se torturer, se pétrir de complications inutiles, s'empoisonner, barrer jusqu'au tragique. Une obstination à emmurer, maintenir ces 2 septuagénaires dans une perpétuelle douleur, crainte, abandon, doute. Injustifié finalement. La scène du restaurant est tout aussi inutile que cette chape de plomb qu'on applique à ces 2 rôles : un bécot d'adolescent maladroit, particulièrement froid, où on espère presque un filet de bave étincelant, histoire de donner un sens à cette action, qui autrement est décousue, dans une scène sans grand intérêt. On ne comprend pas cet acharnement à les condamner sans cesse, les harceler, les torturer à loisir, les faire souffrir sans aucun espoir, et pour nous conter au final une fausse histoire fleur bleue en dénouement : l'habituel et convenu romantisme de l'absent (décès), en guise de clôture. Pas très original. Les personnages sont pétris de sadomasochisme en permanence, réagissent étrangement. C'est un choix qui veut accentuer la détresse, la fragilité, les freins de cet âge, le souvenir douloureux d'une vie heureuse et passée. Et pourtant, ils sont immobiles, figés, prisonniers, incapables de . C'est sans doute exact, mais il eut été plus habile de l'exprimer autrement, même si quelques scènes sont justes. Elles sont trop courtes pour rendre le film globalement appréciable et savoureux dans cette peinture de 2 êtres mûrs. Trop souvent, on se retrouve à avoir la sensation de se balader dans un hospice, avec 2 pommes ridées qui tombent d'un arbre et viennent à se rencontrer, car c'est en gros, tout ce qui se passe parfois. Il manque du peps, de l'audace, une réelle cohérence, du charisme. Aucun, absolument aucun des personnages présents n'échappe à la torture psychologique, à la mort, à la souffrance. C'est bien là, une curieuse vision ou invitation à découvrir ce film. La poésie, la beauté existent, mais ils ne font que flirter épisodiquement avec ce film, un peu maladroit, frustrant, souvent décousu. Son originalité pourtant, témoigne. Mais, il faut s'accrocher à un traitement filmique, sous neuroleptiques. Des acteurs géants, une histoire géante, mais LE traitement anémique et artificiel, sans grand brio. Et bam !