De la toute première image au générique de fin (il faut rester un peu pour en profiter, il est à la hauteur du reste), je suis restée scotchée sur mon siège. Ben Affleck, qui m’avait déjà épaté avec sa première réalisation « Gone, Baby gone », n’a pas toujours su choisir ses films avec discernement en tant qu’acteur (« Armageddon », « Daredevil » pour ne citer que ceux là), mais il se révèle être un réalisateur extrêmement doué et audacieux. A ma connaissance, c’est la toute première fois que l’épisode de la crise des otages américains est l’objet d’un film et il a mis tout son talent au service d’une reconstitution soignée. J’ai beau chercher, je ne trouve pas un temps-mort dans ce film de 1h50, pas une scène superflue, pas un effet trop appuyé. Le premier ¼ d’heure et la scène de l’assaut de l’ambassade est très impressionnante (et sacrément bien filmée, au passage), la dernière demi-heure vous coupe le souffle. C’est bien simple, moi, sur mon siège, j’osais à peine respirer et j’entendais mon cœur battre, ce qui ne m’est pas arrivé depuis très longtemps au cinéma ! Entre les deux, un film nerveux, intelligent, qui a le bon gout d’avoir des vrais moments d’humour et des vraies répliques comiques (toute la partie de préparation à Hollywood) qui désamorcent un peu le propos et permet de respirer un peu. Quand je dis que Ben Affleck a réussi un film intelligent, c’est que c’est finalement un film à la gloire de personne, ni à la gloire de l’Iran des Mollah (évidemment !), ni à celle de l’administration Carter, ni du petit monde d’Hollywood, ni même à celle de la CIA. Il n’est au final tendre avec personne, et c’est ce qui rend son propos pertinent. Outre sa propre interprétation de Tony Mendez (parce qu’il mouille la chemise, le beau Ben), il a composé un casting sans stars, donnant à John Goodman, Bryan Cranston (acteur génial et honteusement sous-exploité par le grand écran !) ou Alan Arkin des rôles à la mesure de leur talent. Non, j’ai beau chercher, je ne vois pas ce que je pourrais reprocher à « Argo », la photographie est très « 70’s », certains plans sont très réussis. Je ne sais pas où Ben Affleck a tourné toute la partie censée se dérouler à Téhéran, certainement pas dans l’Iran actuelle d’Ahmadinejad, mais on s’y croirait et franchement, çà ne donne pas très envie d’y passer ses vacances !