Dans la vallée de Huasco, au Chili, la population craint pour son avenir, en raison de l'implantation de la société Barrick Gold qui va y exploiter la plus importante réserve d'or du monde. Elle redoute notamment que l'activité minière ne vienne polluer l'eau du fleuve et mettre en péril l'agriculture, ainsi que la vie et la culture locales.
Dans un style classique et pédagogique, formaté pour Arte, Carmen Castillo présente une enquête riche en infos et en témoignages. Se mettant en scène, elle et son équipe, la réalisatrice donne la parole à de nombreux acteurs de ce conflit entre population locale et firme internationale, où il est question de danger écologique, mais aussi de création d'emplois. Deux points de vue s'opposent : d'un côté, l'humain, la terre, la culture ; de l'autre, la machine, le profit et une certaine idée du progrès. Entre les deux, un État fantôme, qui a ouvert toutes les portes aux investisseurs privés, sans souci de sauvegarder son patrimoine.
La démarche est intelligente et constructive, cernant les enjeux locaux pour mieux envisager la situation nationale. La présentation synthétique des rouages économiques et politiques du pays est particulièrement claire et efficace. Le Chili apparaît historiquement comme un laboratoire du libéralisme effréné et synthétise à lui seul tous les paradoxes et dérives possibles du système. Cité comme modèle de développement économique, le pays n'en possède pas moins un PIB par habitant très faible et concentre donc un maximum de richesses en un minimum de mains. Une évolution à deux vitesses, bien mise en évidence par ce documentaire militant.
À noter que le théoricien de gauche Daniel Bensaïd a accompagné la construction du film.