Voila un film qui montre bien que ce ne sont pas toujours les plus Grands films qui perdurent, bien que ce film provoquait une très forte nostalgie à l'Hollywood des années 50, l'âge d'or. Car il s'agit d'un somptueux chef d'oeuvre de la part de McCarey (le meilleur Marx brothers, Duck Soup, une géniale comédie, L'extravagant Mr Ruggles, la comédie romantique absolue, An affair to remember...). Il comprend les situations des gens "normaux" (ici personne n'est méchant, ce qui n'empeche quelques situations difficiles) comme Ozu a pu le faire en état de grace (Tokyo monogatari, Bakushu). Les parents ne peuvent plus être autonomes, que faire? Leurs enfants ont de l'affection pour eux, il est hors de question de les laisser tomber. L'argent ne débordant pas, ils vont vivre séparément...
A partir de la, on observe les deux personnes âgées vivre loin l'une de l'autre, et dans leur famille d'accueil, avec leurs enfants. La première situation nous montre à la fois la face horrible du mariage, et sa face magnifique. D'abord, on se rend compte d'une dépendance de l'autre qui est destructrice et façonnée par le temps et dangeureuse car il est trop tard pour y pallier. En même temps, la complicité qui lie les deux êtres est telle que l'un possède désormais tout ce qui manque à l'autre, leur existence individuelle étant finalement remplacée par une existence commune. Et c'est avec ceci en tête que la deuxième situation fait très mal. Car les deux vieillards sont inaptes à toute autre vie. Et pourtant ils vont essayer d'exister dans leur nouvelle famille, provoquant gêne, honte, dérèglant les habitudes, devenant un poids malgré la bonne volonté et l'affection. Alors se joue une merveille de non-dits, qui conduit à la séparation, avant que la situation n'empire, illustrant le titre du film et donnant naissance à un sentiment de culpabilité et d'ingratitude blessant chez les enfants. La pudeur, la sensibilité, l'intelligence de ce film atteignent largement ceux de Tokyo monogatari.