Décidément, on ne peut pas dire que les studios Disney n’ont pas de la ressource ! En effet, adapter des jeux vidéo pour en faire un long métrage d’animation n’est pas une idée nouvelle en soi, mais force de reconnaître que ce pari était risqué et dangereusement casse-gueule. Non seulement la maison Disney ne s’est pas prise les petites oreilles dans une porte, mais en plus elle a relevé le pari avec brio. Et pourtant, rien n’annonçait une telle réussite, et encore moins un tel succès. Déjà au niveau promo, je n’ai pas souvenance d’en avoir entendu parler. Ensuite, s’attaquer à de grands standards de jeux vidéo, beeeeeeen... je crois que personne (tout du moins pas grand monde) n’avait envie de voir leur popularité écornée. Seulement voilà, Disney a eu une approche assez différente en imaginant ceci : et si tous les personnages que nous animons par les manettes avaient une vie ? Une vie bien à eux ? Une vie avec des sentiments, des joies, des peines, des désirs divers et variés, et même des rêves ? Entre nous, vous étiez-vous seulement posé la question ? Personnellement, ça ne m’avait même pas effleuré l’esprit ! Toujours est-il qu’à partir de cette idée (disons-le) un peu folle, la base est là pour en faire un film d’animation original. Encore fallait-il intéresser le spectateur jusqu’au clap de fin. Eh bien c’est réussi, alimentant je suppose le bouche à oreille pour transformer en succès commercial un long métrage pas forcément attendu au tournant, bien que la date de sortie (20 jours avant Noël 2013) n’était pas si innocente, encore qu’il fallait tenir la distance jusqu’aux fêtes de fin d’année. Non seulement, ça a tenu, mais la quatrième semaine d’exploitation a été la meilleure en France ! Et pour cause : Disney peut tout faire et confirme qu’en matière de film d’animation, on peut tout se permettre. Donner vie à des jouets ("Toy story" en 1995), humaniser des bolides ("Cars" en 2006), rendre trop choux des affreux monstres ("Monstres & Cie" en 2001), alors prêter vie à des pixels représentant des personnages… Le truc, c’est que ça marche ! Concernant les personnages enfermés dans les rôles pour lesquels ils ont été créés sans qu’on demande leur avis (ah bah forcément, hein !), on les décrit tout à fait différemment. Par exemple, la méchanceté doublée de brutalité de Ralph n’a d’égal que l’énorme tendresse qui lui a été donnée ici. Quant à Vanellope, elle est décrite ici comme une gamine qui a des rêves plein les yeux, munie d’une bonne dose de naïveté ; mais qu’est-ce qu’elle est craquante, avec son timbre de voix un tantinet cassé (bravo à Dorothée Pousseo qui lui a donné sa voix !). Et cela donne 1h48 de film au cours duquel on voyage de jeu en jeu dans un établissement d’arcade où différentes firmes tentent de se partager bon gré mal gré le gâteau du succès par leurs différentes créations. On y croisera d’ailleurs beaucoup de personnages issus de ces sociétés concurrentes… Heureusement, les scénaristes n’ont pas oublié que certains jeux ont eu toute la préférence du public, au détriment d’autres bien entendu, pas plus qu’ils n’ont omis le spectre de la désuétude, synonyme souvent de rebut pour le jeu vidéo en question. De plus, bien que Ralph se fasse presque voler la vedette par Vanellope, l’histoire parait tout à fait crédible, et on y croit si bien qu’au final, on se plait à penser que tous ces personnages vaquent enfin à leurs vraies occupations quand la salle de jeux ferme ses portes, ainsi que nous le faisons quand notre journée de travail se termine.