Avis sur Des filles pour le bourreau

Je poursuis mes investigations dans un genre franchement souvent considéré comme le plus décadent : la nazixploitation. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ce genre qui a assez peu de bonnes choses (sauf peut-être Bordel SS), ne remonte pas avec Des filles pour le bourreau !
En fait plusieurs gros soucis dans ce film : certes il se veut provoquant et borderline, et certains concepts le sont en effet, mais il faut que ce soit un minimum sensible ! Là, à part peut-être une scène plutôt bien réalisée montrant les horreurs, ben finalement on n’a rien. C’est un comble que dans un film de ce genre, italien de surcroît, et on sait que ceux-ci ne s’encombraient pas trop des limites à l’époque, on n’est pas une seule scène sanglante (si si, c’est vrai !). Du coup on reste franchement sur sa fin, car il faut l’avouer, sur le plan de la suggestion et de la violence morale, Des filles pour le bourreau est à des années lumières des meilleurs films sur le sujet des camps de la mort !
Au-delà de cette gêne visuelle, il faut aussi avouer que le film n’a pas d’histoire. C’est très décousu, sans narration cohérente, on dirait une succession de morceaux de films maladroitement relié ensemble et mis en « cohésion » par la scène d’ouverture. Mais en fait il n’y a pas beaucoup de substance, et on s’ennuiera d’autant plus vite que, comme je l’ai dit, c’est très peu horrifique, et que l’érotisme n’a rien de transcendant non plus.
Parmi les quelques points positifs je retiendrai une bande son qui, comme souvent dans le cinéma italien est plutôt bonne et originale. Je retiendrai aussi une mise en scène pas indécente, pas toujours du moins (il y a une scène d’amour pas mal fichue du tout par exemple). Le réalisateur curieusement semble filmer beaucoup mieux les rares scènes « sentimentales » que les scènes crues (ce qui explique peut-être qu’il les noie dans la suggestion).
Comme souvent dans ce genre de film le manque de moyen est très sensible, avec des décors minimalistes, un manque de figurants criants, et la photographie n’a rien de folichon non plus.
Des filles pour le bourreau est donc un film décevant. Même l’amateur du genre en sera forcément pour ses frais, car il vient là pour voir du gore et du sexe, certainement pas pour voir un film finaud, et il ne sera même pas contenté par le gore et à peine par le sexe, au pire invisible, au mieux bien mal utilisé. 1.5 mais vraiment en tenant compte du budget misérable.

Dingue comme un film duquel on n'attend rien peut malgré tout décevoir ! Enfin "décevoir", ce film est un étron fini, c'est tout... Non seulement il est chiant comme la mort, mais en plus il n'a même pas le bon goût d'être de mauvais goût. En fait, je ne sais pas comment le prendre ce truc qui surfe clairement sur la vague Salo de Pasolini sorti deux ans plus tôt. Est-ce-que c'est un film d'exploitation qui se veut fun, dans ce cas là c'est raté ou bien est-ce-que c'est un truc qui se veut sérieux, parce que vu comme c'est chiant et premier degré, j'ai du mal à croire que ça se veuille fun, dur de rater son objectif à un tel point.

Parce que le film a deux aspects positifs, la citation de Nietzsche au début, qui est dans la veine des bouquins de Sade, expliquant que le surhomme peut se servir des autres pour son plaisir (alors je ne sais pas s'il l'a vraiment dit), mais bon c'est une pensée assez sadienne, particulièrement dans les 120 journées de Sodome où on utilise autrui pour jouir sans forcément lui demander son accord (et faut voir de quelle jouissance on parle aussi). L'autre point positif c'est les tortures plutôt originales. Parce qu'on a quand même des gens qui font un banquet en mangeant un fœtus de juif, une juive qui fait la servante tombe dans les pommes alors ils l'arrosent de cognac, la font flamber et la mangent. Si c'est pas magnifique ?

Seulement ça sert de nulle part, c'est très mal amené et ça n'a pas le côté joyeusement décadent d'un Ilsa la louve des SS. Non là on voit des gens moches filmés en gros plan pour que tu vois bien qu'ils sont moches rire de toutes leurs dents à des trucs pas intéressants.

L'histoire en elle-même est très prévisible, j'ai vu l'intro, je connaissais déjà la fin... Pour un film aussi lent et pénible (pas parce que ça me choque) le voyage ne vaut pas plus la peine que la destination dans ce cas précis. Et faut voir l'absence de rythme du truc... Le mec il filme une scène de sexe pendant genre 2 minutes, c'est ultra long et il fait n'importe quoi avec sa caméra, le montage est anarchique... et on ne voit rien... génial...

Ou bien pire, une scène sur un bateau, on ne sait pas trop pourquoi... et il tourne sa caméra pendant 2 ou 3 min autour du bateau alors qu'il se passe rien, mais rien ! C'est du remplissage...

Du coup, j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps, malgré des tortures originales, mais qui rendent très mal vu que rien n'a d'impact...

Un film pour les cannibales donc.