Un film mal aimé par certains, mais qui semble surtout diviser. Franchement j’ai trouvé cela très sympa malgré un rythme très inégal et des maladresses certaines dans le déroulé de l’intrigue.
Déjà on peut souligner que l’héroïne est campée par une actrice au top qui porte franchement le métrage. Omniprésente, Ana de Armas assure complètement, aussi séduisante que subtile de jeu, c’est une vraie héroïne de giallo, et pour le coup je pense que si ce film est souvent rapproché du genre c’est autant par son esthétique que par le profil de son héroïne. Elle est entourée de seconds rôles peu connus dans l’ensemble mais parmi lesquels on reconnaitra Léonor Varela, dans un rôle qui rappellera probablement son plus connu aux amateurs de cinéma fantastique ! Globalement bonne interprétation, j’ai bien aimé, c’est séduisant et malsain comme on peut l’espérer d’un tel film.
Formellement le travail est brillant. Malgré quelques petites lacunes de mise en scène (spécialement dans une première partie un peu plate), c’est très bien emballé, surtout que le budget devait être ric-rac. Superbe photographie tout en néons et couleurs flashys, décor huis-clos mais avec une vraie ambiance, une atmosphère prenante et glauque, et effets spéciaux top. Il y en a peu, mais l’épilogue est spectaculaire. On sent qu’on n’est pas dans un produit consensuel comme trop souvent. Esthétiquement réussie et délicieusement rétro (le générique, bijou de fantaisie et de charme vintage), Blind Alley est aussi incroyablement porté par sa bande son inventive et généreuse. Les deux génériques mettent de suite dans d’excellentes dispositions du coup, avec une chanson de fin en français ! Elle ne peut qu’inciter à découvrir la chanteuse.
Si Blind alley a quelques lacunes ce sera sur le scénario. D’abord réaliste, puis virant peu à peu vers le fantastique, la surenchère finale m’a paru amenée de façon approximative, et c’est regrettable. Pareillement il y a des lacunes scénaristiques que je ne détaillerai pas trop pour ne rien révéler du suspens, mais j’imagine que dans un huis-clos de ce genre, si vous avez un peu d’expérience, vous les trouverez sans difficulté. Le rythme est aussi un peu faible par moment alors que le film est court. Cela étant, le réalisateur mène quand même bien sa barque pour offrir un film sombre et un exercice de style assez audacieux. Je ne me suis pas ennuyé et il y a de très belles séquences. A l’image d’un Last Caress français, un film de débrouille comme ce Blind Alley qui tente de renouveler des genres que l’on imaginait éculés mérite une certaine indulgence.
Franchement Blind alley est une bonne surprise. Mises à part ses limites scénaristiques non rédhibitoires, c’est un métrage d’horreur court qui devrait plaire aux vrais initiés. Néanmoins il faut être franc, si vous attendez un giallo classique, ce sera raté. Il vaut donc mieux ne pas avoir cette attente souvent évoqués par les critiques en se lançant dans le visionnage. 4