Un bon film à ne surtout pas bouder comme un polar au rabais. En effet, si l'histoire d'une bande de grands adolescents aux lisières de l'âge adulte, en dignes représentants d'une sous pseudo culture made in usa, à base phrasé rap gangsta, genre j'te tues quand je veux yo c'est moi le mec ici,avec des attitudes bravaches à tout bout de champ pour deux fois rien, pourrait se dérouler dans n'importe quel Etat chez l'oncle Sam, avoir choisit l'Alaska, et les descendants américains de ceux qui furent le peuple inuit, c'est-à-dire encore moins nord-américain que les immigrés chicanos de la frontière texane, et les noirs des ghettos urbains, apporte plus qu'une touche folklorique, car ne pas enfourcher une grosse cylindrée mais un petit scooter des neiges pour se déplacer, se révolter façon hip-hop contre le système sans en avoir la légitimité symbolique mais juste un vécu pluri-générationnel de souffrances mal assimilées, avoir pour référence adulte virile la chasse ancestrale dans les vastes espaces froids, change la donne. C'est un film sur une question morale, l'identité non pas spécifiquement inuit, mais celle d'être, de devenir un homme, dans une communauté assistée, acculturé entre un passé révolu et un futur dont les images télévisées n'offrent que des chimères (malgré la scène du début avec danse traditionnelle effectuée pour le symbole, sans ancrage profond dans le reste de leurs vies). Voilà pourquoi j'ai beaucoup aimé la scène finale, qui ne donne pas la réponse à la question morale qu'est en train de se poser sous nos yeux le personnage principal et qui va orienter toute son existence. On laisse au spectateur la problématique de comment se regarder dans une glace, au soir de sa vie peut-être version bilan comptable, mais tous les autres soirs jusque là, aussi. Une sociologie de café du commerce ou d'invité expert du Journal TV de 20H pourrait conclure à l'aspect folklorique que revêtent pour les adolescent du film spectateurs d'eux-mêmes, l'héritage inuit et l'imagerie lave-cerveau usa/mcm and co, mais dans le "ch'nord" de notre belle France, dans des zones sinistrées par le chômage, l'alcoolisme de pères en fils, l'ennui si profond jusqu'à être presque tangible, les survêtements et casquettes, le phrasé "mon frère" entre blancs français depuis des centaines d'années, et une forte culture régionale pétrie de réelles qualités humaines originales et précieuses; y voit-on aussi du folklore si pittoresque? Moi, non. Glacial. Etre un homme...