L'Amérique, ce n'est pas toujours ... l'Amérique. Que ce soit dans les villes ou dans certaines zones rurales, de nombreux habitants ont une vie difficile, faite de chômage ou de petits boulots. C'est vrai bien sûr dans les populations noires ou hispaniques, c'est vrai aussi dans une partie non négligeable de la population WASP, les blancs, si vous préférez, a priori plus favorisée. Pour son premier long métrage de fiction, le réalisateur de documentaires TV Matthew Gordon a choisi de planter ses caméras dans un des états les plus pauvres des USA, le Mississippi. Plus précisément du côté de Greenville et de Glen Allan, une région au bord du fleuve, entre Bâton Rouge et Memphis, une région dans laquelle le blues a pris naissance mais aussi dans laquelle la situation de certains blancs est loin, aujourd'hui, d'être mirobolante. La preuve : Matthew Gordon nous fait partager, le temps d'un été, la vie de Robbie, 15 ans, et de Fess, son demi-frère de 11 ans. La mère est partie, ils espèrent qu'elle ne tardera pas à revenir, les pères respectifs leur sont inconnus et ils ont à leur charge leur vieille grand-mère. Pour faire vivre ce petit monde, on peut soit commettre quelques larcins ou trouver un petit boulot d'été. Robbie pratique les deux. Un jour, Lucas, le frère ainé, débarque. Court (1 heure et 13 minutes), remarquablement filmé et interprété (par des amateurs !), "Summertime" fait partie des films qui marquent une année cinématographique. Prix du Jury au dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville, "Summertime" marque certainement les débuts d'une belle carrière dans le cinéma pour Matthew Gordon. Un seul petit reproche : la musique de Casey Immoor et les chansons d'Animal Collective, même si, intrinsèquement, elles ne sont pas mauvaises du tout, ne paraissent pas bien en phase avec l'environnement dans lequel se déroule le film, une région qui a profondément marqué l'histoire de la musique américaine, qu'elle soit noire ou qu'elle soit blanche.