Mike Cahill, associé à l’écriture à son actrice, Brit Marling, nous concoctent un film doucereux sur un hypothétique monde parallèle, sur l’absolution des fautes et le remords corrosif. Another Earth, ou quand par une belle soirée, l’humanité découvre une seconde planète terre qui se révèle être un miroir, un véritable double de notre civilisation, de nos frontière et semble t-il de nous même. C’est ce soir là qu’une adolescente tue, par mégarde, une femme et son enfant, dans un sinistre accident de la route. Ayant purgé sa peine, attirée par cette nouvelle planète, elle tente le rapprochement avec le veuf qu’elle à laissé dans le coma lors de cette terrible nuit de découverte.
Le sujet est sensible, délicat et casse gueule. Malgré tout, leurs faibles moyens surtout, Cahill et Marling parviennent à ne pas faire sombrer leur curieuse histoire dans les tréfonds de l’inconsistance. Oui, Another Earth est intéressant, très bien joué, filmé et surtout interrogateur. Que de questions à l’approche de cette nouvelle planète, ce nouvel horizon nous questionnant sur notre nature propre, sur notre double, là quelque part. Changé de planète, soit changé de monde, tout en restant dans le même univers, permettrait sans doute aux coupables malheureux ou aux endeuillés de retrouver bonheur et sérénité. Telle est la question, notamment.
Coté interprétation, il fallait bien des acteurs singuliers. C’est avec un certain panache que la jeune Brit Marling s’en sort. Frigide, triste, émouvante, la jeune fille tire derrière elle tout un film, jusque dans les esprits à Sundance. Mais le film doit également beaucoup à son cinéaste en herbe qui ose filmer les choses comme elles viennent, aux travers d’une photographie façon documentaire, très détaillée. Le cinéaste capte l’émotion sur les visages, la joie soudaine, ou la détresse de sa maigre poignée de personnages pour mieux questionner. Si son histoire est plutôt pessimiste, elle ouvre toutefois des portes à des espoirs réjouissants de monde meilleur et de possibilité d’effacer ses fautes pour de bon.
Malgré ces quelques subtiles interrogations, sa très belle photographie et ses excellents interprètes, Another Earth laisse en bouche un goût d’inachevé, mais surtout d’inconsistant. Oui, si l’on apprécie l’effort, force est de constater que le film ne pèse qu’un poids tout relatifs dans l’univers cinématographique d’aujourd’hui, même si ce genre de pellicule n’est pas sans public propre. Un film que l’on voit une fois, avec une certaine attention, mais que l’on oubliera très rapidement, pour sûr. Bref, moi, je reviendrai lire mon petit commentaire que voici dans quelques années, lorsque l’on me parlera peut-être d’Another Earth, histoire de me rappeler de quoi il s’agit. 12/20