Un film norvégien qui s'intitule Happy Happy, c'est un contraste saisissant avec la tragédie que ce pauvre pays vient de vivre. Parlons donc du film d'Anne Sewitsky, qui n'a rien à voir avec cette triste actualité. Dès les premières images, s'impose le tableau d'un paysage de neige, à l'approche de Noël, d'un blanc immaculé. A l'image du couple qui accueille, le sourire aux lèvres, leurs nouveaux voisins, une avocate séduisante et son athlétique mari, parents d'un adorable enfant noir, adopté. Mais la neige ne reste pas vierge bien longtemps, et l'on se doute que le vernis va craquer sous peu dans cette comédie de moeurs libérée. Ces saynètes de la vie conjugale, pour plus ou moins paraphraser un titre de Bergman, qui visait toutefois nettement plus haut, ne sont pas qu'amusantes, elles ont un côté cruel qui évite au film de tomber dans l'ordinaire, bien que le dénouement soit d'un convenu déconcertant. Anne Sewitsky joue un peu avec le feu, point trop cependant, jusque dans les à côtés de son intrigue principale, quand les enfants des deux couples, un blond et un noir, s'amusent au jeu du maître et de l'esclave, créant une sorte de malaise qui a du mal à se dissiper. C'est un principe nordique bien connu, y compris au cinéma, on se vautre tout nu dans la neige, avant de rejoindre la chaleur du sauna. Happy Happy fonctionne plus au moins de cette manière, tout en restant relativement timide. C'est le reproche principal que l'on pourrait faire au film, ne pas avoir osé davantage et poussé son scénario dans ses retranchements. Au final, cela reste tout de même assez Gentil, Gentil.