Ce qui est assez embêtant avec "Viva Riva", c'est la manière bienveillante voire carrément dithyrambique dont cette série B a été accueillie par la critique. A mon avis, cela reflète surtout pas mal de condescendance... Franchement, si ce polar sympathique mais pas inoubliable avait eu une autre origine, aurait-il été aussi bien reçu ? Le scénar, malgré sa simplicité extrême, est quand même salement téléphoné et décousu et, si on peut sans problème comprendre la violence qui se dégage du film, les (nombreuses) scènes de sexe sont complètement gratuites en plus d'être très mal foutues. Mais là, voilà, c'est exotique donc ça mérite d'être encensé... Alors bien sûr, les productions made in Africa (surtout d'origine subsaharienne) sont assez rares sur nos écrans -et ce alors que le Nigéria est quand même le 3ème pays producteur de films au monde (surtout à la vidéo, mais bon...)- pour qu'on n'applaudisse pas la sortie d'un film congolais, film de genre qui plus est ! Et puis "Viva Riva" a quand même pas mal de qualités, notamment au niveau de la réalisation. Très m'as-tu-vu en façade, et collant de ce point de vue parfaitement aux aspirations de tous les personnages, à savoir le pognon et le cul (pas forcément dans cet ordre-là), elle n'oublie pas de donner la part belle en arrière plan aux aspects de la vie quotidienne à Kinshasa sur fond de pénurie, corruption et trafics en tous genres (un petit côté "La Cité de Dieu", quoi). Les acteurs sont plutôt pas mal (mention spéciale au méchant Hoji Fortuna, parfait en bossu psychopathe). Par contre, si le réalisateur/scénariste et les acteurs sont tous africains, on s'aperçoit en regardant la fiche technique du nombre impressionnant de Français et de Belges à la prod. Ou quand la françafrique (ou la belgafrique, si on veut, pour l'ancienne puissance coloniale du Congo) s'applique aussi au cinéma ! Au moins, là, on sait qu'on est plus dans l'industrie que dans la culture... Djo Munga est donc un réalisateur à suivre (parce que comme scénariste, euh...) même si on peut avoir des craintes pour son avenir : retournera-t-il à l'anonymat des productions locales (faut pas rêver, on n'est pas prêt de revoir un film d'action africain sortir en France) ou deviendra-t-il la future tête de gondole de la discrimination positive du cinéma européen ou hollywoodien ? Attention en tout cas à ce que la bonne société occidentale du 7ème Art n'en fasse pas son "bon nègre Banania".