Take Shelter, sorti la première semaine de janvier, promet déjà être un des meilleurs films de 2012. Ceux qui s’attendront à un film catastrophe à la Roland Emmerich seront déçus (ou rassurés…), car ici la dimension psychologique s’impose avec force et la tension entre la réalité et le fantasmé est omniprésente.
SYNOPSIS
Curtis, heureux père de famille, est soudainement en proie à de violents cauchemars, hanté par la vision d’une tempête apocalyptique. Les réveils se font de plus en plus douloureux : en sueur, le corps encore douloureux des sévices reçus pendant ses rêves. Egalement affecté de ce qui semble être des hallucinations, Curtis change radicalement de comportement et commence à aménager l’abri à tempête situé dans le jardin. Persuadé qu’il s’agit de prémonitions, mais terrifié à l’idée d’avoir hérité de la schizophrénie de sa mère, Curtis s’enferme dans son délire, et se heurte à l’incompréhension de ses proches.
OH LA GROSSE CLAQUE CINÉ DÈS LE MOIS DE JANVIER
J’en entends déjà certains me bassiner avec le fait que je ne recommande que des films d’auteur boring (OUAIS MELANCHOLIA C’ÉTAIT TRÈS BIEN) : Take Shelter devrait a priori plaire à tout le monde. Un suspense omniprésent (j’ai bouffé mes ongles pendant 2 heures), un drame humain, un poil de paranormal (mais est-ce vraiment du paranormal ?), et surtout, des scènes de cieux orageux à couper le souffle.
Ce film me rappelle un peu (mis à part Twister bien sûr, mais seulement pour le sujet abordé) le M. Night Shyamalan de mon adolescence, celui qui faisait encore des films corrects : s’il avait continué une ascension vers sommet de son art au lieu de lentement s’étioler vers la médiocrité scénaristique, il aurait pu sortir un film comme celui-ci. Et paf, Jeff Nichols, illustre inconnu à la carrière ne comportant qu’un long-métrage (Shotgun Stories) à son actif, entre en scène. Pas une seule scène n’est laissée au hasard, et le final est bouleversant (âmes sensibles, prévoir Kleenex). Le réalisateur lui-même affirme avoir écrit avant tout ce scénario autour du sentiment de l’angoisse.
On y repère Jessica Chastain (The Tree of Life, La couleur des sentiments), étoile montante sur nos grands écrans, émouvante en femme et mère inquiète, mais courageuse.
Michael Shannon (Les noces rebelles, 8 Mile) y est excellent dans le rôle d’un homme terrifié de sombrer dans la folie, mais incapable de stopper la spirale étrange dans laquelle il s’enferme : éloignant ses proches et évitant les situations vécues dans ses cauchemars, il évite ainsi de se confronter à la réalité. Partageant le point de vue de Curtis, nous sommes dans une interrogation constante, touchés par cette ambiguïté entre le réel et les hallucinations météorologiques dont il est victime. Ses prémonitions se réaliseront-elles ? Est-il en proie à un épisode psychotique, ou est-ce une démence due à cette malédiction familiale qu’est la schizophrénie paranoïaque ?
Take Shelter, c’est sa volonté de construire un abri et de protéger sa famille, mais c’est également la muraille de peur au sein de laquelle il s’enferme pour se protéger de la folie.