Et maintenant, on va où ? C'est une bonne question et, incidemment, la dernière phrase prononcée dans le film éponyme de Nadine Labaki, résultat d'une situation originale, qu'il serait indécent de dévoiler, d'autant plus que ce dernier quart d'heure est ce qu'il y a de mieux dans la dernière réalisation de la cinéaste révélée par Caramel. Nadine Labaki choisit la voie du conte oriental pour nous sensibiliser à l'absurdité des conflits religieux qui ont ensanglanté le Liban depuis plusieurs décennies. Il était donc une fois un petit village, à la paix apparente, mais précaire, où les communautés musulmane et chrétienne faisaient mine de bien s'entendre, en attendant l'étincelle qui mettrait le feu aux poudres. Il était une fois les femmes de ce petit village, qui en avaient plus qu'assez de pleurer les morts, qui, un fils, qui, un mari, qui, un père. Et dont la mission était d'éviter tout conflit susceptible de dégénérer. On aura compris que le propos du film est généreux et chaleureux, inattaquable par principe. A l'écran, le mélange de comédie à l'italienne, parfois chantée, et de tragédie antique, sur fond de guerre larvée, a cependant parfois un peu de mal à passer la rampe. A quoi est-ce dû ? Peut-être à une nonchalance de mise en scène, un manque de rigueur et une certaine confusion dans le scénario. Mais pour sa conclusion ironique, grotesque et philosophique à la fois, et pour la scène d'ouverture, très belle, on pardonnera à Nadine Labaki de ne pas nous avoir totalement emballé.