A ne pas comparer avec les romans de Faulkner. Il était évident que cela ne pouvait qu'effleurer par le dessous l'immense oeuvre. Oui, la sauce met du temps à prendre, car loin d'être un film d'auteur, ce "As i lay dying" est plutôt expérimental. Mais la platitude qui pose la base de l'intrigue se dissipe quand les divers événements qui composent l'action du film se mettent en branle. Misère affective, misère économique, le propos n'est pourtant pas sociale, même lorsque nos cul-terreux parviennent enfin à la ville et ses pièges initiateurs stigmatisant leurs faiblesses. On navigue entre l'ironie pour une famille tuyau de poêle, et l'implacable destin qui s'acharne sur les personnages et leurs misères, sans qu'on ne puisse leur reprocher cette déveine, contrairement à ceux qui croiseront leur route, du fait de l'épaisseur des caractères, étayés par les mots contés de Faulkner. Ce va-et-vient, mi ironique mi tragique, ne trouve pas d'issue autre que dans la mort de la mère, viendra le tour des suivants en son temps, mais ils se reproduisent les bougres, s'accrochent même si on leur enlève un morceau de corps ou la santé mentale... Quant à la performance de Franco, elle ne m'a pas paru insipide, au contraire il se fond dans la chorale, porte les propres névroses de son personnage sous sa pâleur tourmentée et sa lucidité trop lourde, et ne me fait pas l'effet d'être trop "beau gosse", mais faut dire que je trouve et moches... Le film est donc plutôt une réussite, pour un débutant de la réalisation. On y trouve une volonté bien affirmée, un hommage sincère, et, my God, une direction d'acteurs cohérente et saillante jusqu'au plaisir cinématographique authentique. Ne simulons pas la bouderie par des raisonnements cérébraux sur ce que cela devrait être ou pas, et voyons la qualité réelle de ce qui est. Amen, vous pouvez sortir dans la cour de récréation voir cet ofni, sans crainte de perdre votre temps. Je jure que la majorité des clients de la séance, parlant à leurs voisins voisines, ont apprécié, et c'étaient pas du genre prout-prout germanopratin.