Les américains sont très surprenant dans la mesure où ils nous ont déjà livré de nombreuses biographies, qu’il s’agisse de grands noms de l’Histoire ("Patton", "Malcolm X", "Nixon", "Evita", "Che", Lincoln), de musiciens ("Amadeus", "Birdy", "Ray", "Walk The Line"), de sportifs ("Raging Bull", "Miracle", "Ali", "La Légende de Bagger Vance") ou de diverses fortes personnalités : "Chaplin", "Aviator", "Blow", "Elephant Man", "Public Enemies", "Larry Flint", "Ma Vie avec Liberace", "Veronica Guerin") ; mais un film sur une actrice porno, je n’ai sincèrement jamais vu ça de ma vie de cinéphile !! Comme son nom l’indique, Lovelace s’intéresse à Linda Lovelace (de son vrai nom Linda Susan Boreman), actrice principale du film pornographique "Gorge Profonde" qui la propulsa du jour au lendemain star et icône de la libération sexuelle. Nous suivons donc la vie de cette jeune fille de bonne famille chrétienne qui va rencontrer un jour Chuck, qui sera son futur mari, puis tout quitter pour finir dans la pornographie. Nous voyons son succès fulgurant, sa vie si « merveilleuse » puis le film fait une ellipse de six ans pour nous montrer Linda sortir un livre racontant l’envers du décor de sa vie. Avec une certaine subtilité (les deux parties du film font penser au symbole du yin-yang), le film reprend tous les évènements que l’on vient de découvrir en y incorporant tout ce qui n’était pas dit, caché : les problèmes de Chuck avec le fisc et la police, la violence conjugale subit par Linda, les menaces de Chuck et le fait qu’il oblige sa femme à se prostituer. On se prend en pleine tronche l’autre côté du miroir : on a du mal à croire que cette pauvre fille ait pu subir tout ça !! Quand on repense à la première partie du film, on finit par croire que tout était finalement trop beau pour être vrai. Au niveau des acteurs, le casting de "Lovelace" tient particulièrement la route : Amanda Seyfried est touchante avec sa double interprétation jeune fille un peu naïve qui profite de la vie/femme tragique tentant de reprendre sa vie en main ; et Peter Sarsgaard campe un Chuck Traynor véritablement détestable. Même ceux dont le rôle n’est pas longtemps présent à l’écran sont assez justes : Juno Temple en bonne copine qui comprend que quelque chose cloche chez Chuck, James Franco en Hugh Hefner cool et sexy, Robert Patrick en papa poule et Sharon Stone incroyable en mère puritaine (si, si, je vous assure : c’est bien elle la mère de Linda ! Totalement méconnaissable !!) Doté d’un procédé de narration original mais avec un parti pris spécial au niveau biographique (on parle finalement peu de pornographie et l’engagement de Linda dans le mouvement anti-pornographie suite à la sortie de son livre n’est pas du tout abordé ici), "Lovelace" rend donc un hommage sincère (la scène d’introduction du film reprend exactement celle du film "Gorge Profonde" où Linda conduit sa voiture) et poignant au destin tragique d’une femme dont la vie avait tout d’ idyllique…du moins en apparences.